Ce qui ne nous tue pas [Léandre] [Terminé]

La foule avançait plus lentement que jamais, à croire que les gens le faisait exprès, Leah avait faim, tellement, il brûlait d'envie de doubler tout le monde pour se jeter sur la nourriture, il avait tout le temps fait, il n'était jamais rassasié, ça l’énervait tant, il songea aussi à Marly, elle devait manger plus, maintenant, elle n'était pas seule, elle avait cette vie en elle. Il la serras et il sentit sa main qui broyait la sienne, il s'en voulut de lui imposer Luke, mais c'était simplement pour l'éloigner de Vi et An', pas vraiment envie que ce moment merveilleux vire au bain de sang, surtout avec les hormones en folie de Marly, ça pourrait être drôle cinq seconde mais pas vraiment sur le long terme.

Ils arrivèrent tant bien que mal au niveau du service, il lui donna un plateau avant d'en prendre un lui même, il regarda son bol se remplir et ne put s’empêcher de grimacer, toujours pas ce soir qu'il se coucherait le ventre plein. Il soupira avant de s'éloigner, pas la peine de demander du rab, autant poser une question à un mur, il aurait plus de chance d'avoir une réponse. Ils trouvèrent une table vide, ou presque, seul deux ruban vert était assise au bout, ils se placèrent à l’opposé, Marly en face de lui et Luke en diagonal, avant il y'aurait eu Anna sûrement, mais ce n'était plus d'actualité et tant mieux car qui disait Anna disait Violet, il avait prit Luke pour être certain que les filles les laissent en paix.

Il regarda sa bouillie, il trouvait ça peu appétissant mais il était trop affamé pour jouer la fine bouche. Il vit la tête de Marly et sa phrase ne le surprit donc pas, il comprit qu'elle ne pouvait plus avaler ça. Il hocha la tête, il ne pouvait pas vraiment la forcer, il ne voulait pas la voir vomir, mais ici c'était strict, si on ne vidait pas son assiette on ne sortais pas, alors il attrapa discrètement le bol de Marlène et le fit glisser vers lui, il en versa le contenu dans le sien en souriant avant de remettre le bol de Marly en place, il gribouilla avant 'arracher la page et de lui tendre discrètement :
- « Je me dépêche et je t’emmène dans mon dortoir, j'ai à manger, un truc vraiment mangeable. »

Il joignit ses geste à ses « paroles », il engloutit son bol à une vitesse record, tant et si bien qu'il se dit que c'est lui qui allait vomir mais tant pis, Marlene avant lui, le bébé surtout avant eux. Il sourit et se lève une fois son bol vide, il tend sa main à Marly pour qu'il la rejoigne, il sourit à Luke. Ils vont vider leur plateau et quittent la pièce, ils passent devant les surveillants, ce mêmes sourires aux lèvres, après tout ils ne font rien de mal, pas encore du moins. Il l’entraîne vers son dortoir, il lui fait signe de l'attendre dans le couloir, vu la guerre que c'est dans le dortoir. Il se précipite vers son armoire, et fouille, des barres de céréales puis deux ou trois autres truc, il les ramène à Marly, souriant, il l'embrasse encore avant de lui proposer de prendre ce qu'elle veut.

Marlene observa avec amusement le jeune homme engloutir les deux bols à une vitesse effarante, elle craignait qu'il ne vomisse lui aussi, avaler une telle quantité de nourriture d'un coup ça n'était jamais bon pour l'estomac. Elle le remercia d'un sourire, elle lui en était reconnaissante ; il prenait soin d'elle, il la choyait alors qu'elle ne méritait rien de tout ça. C'était lui qui aurait dû se mettre à l'aise, compter sur les autres. Marly aurait bien aimé lui rendre service par ailleurs, mais elle était à court d'idées.

Ils se levèrent et se reprirent la main, ils ne faisaient rien de mal tant que ça n'allait pas plus loin. Inconsciemment, la jeune fille se mit à chercher Violet du regard, elle la trouva dans un coin, avec Anna, et elle ne put s'empêcher de rougir. Sans qu'elle ne sache pourquoi, elle ne ressentait ni de la colère, ni de l'amertume, mais bel et bien de l'embarras. Elle s'étonnerait toujours elle-même, elle aurait dû être furieuse, avoir envie de la frapper. Et en plus des hormones, cela aurait même dû finir dans un bain de sang. Mais non, elle se sentait paisible et relaxée, sûrement parce que Léandre se tenait près d'elle et qu'elle pouvait lui tenir la main sans qu'on les sépare.

Ils se dirigèrent vers les dortoirs des garçons, Marlene soupira, c'était vraiment le bazar ici, comment pouvait-il vivre dans ce bordel ? Elle s'appuya contre le mur, à l'extérieur, elle ne voulait même pas sentir l'odeur, au moins dans le dortoir des filles il y a avait toujours un parfum de déo ou d'eau de toilette qui embaumait les lieux. Marly passa une main dans ses cheveux, si Leah avait à manger c'était volontiers, son estomac ne faisait que la rappeler à l'ordre depuis cinq bonnes minutes. Lorsque le garçon réapparut enfin, il tenait des barres de céréales à la main, augmentant encore le sourire de Marlene, si c'était possible.

Après avoir choisi ses préférées, elle le remercia avec enthousiasme et croqua dans l'une des barres. Le chocolat fondit dans sa bouche, c'était bon, tellement bon ; Léandre en méritait aussi, alors elle lui tendit plusieurs paquets. Elle se sentait bien dans ce couloir vide de tout être, où seul existaient les deux rubans blancs, ainsi que les yeux de Leah... Elle se serait cru dans une publicité, tout ça état trop beau pour être vrai, c'était trop... facile.

« Dis... tu vas en parler à Luke, de tout ça ? »

De sa grossesse, de leurs fiançailles. Cela emplissait Marlene tant d'inquiétude que d'enthousiasme, elle s'amuserait comme une folle, avec Lore, à préparer le jour de son mariage. Mais tout d'abord, il fallait quitter cet endroit, le plus vite possible. C'était certain qu'elle ferait de sa meilleure amie sa demoiselle d'honneur, Leah quant à lui ce qu'il voudrait de Luke, tant que Violet n'était pas invitée. Elle n'aurait jamais supporté de devoir calculer la présence de la jeune fille lors du plus beau jour de sa vie.

Il la regarda sourire face aux barres de céréales, elle avait certainement très faim et il s'en voulut de n'avoir que ça à lui offrir, il se trouva idiot de ne pas lui avoir acheté un véritable repas quand ils étaient en ville, il était vraiment désespérant à son goût, il pensait aux choses bien trop tard, à quoi ça lui servait d'être si doué comme on le prétendait si il ne pouvait pas offrir à sa future femme de quoi vivre convenablement. Il la regarda un peu honteux, elle méritais tellement mieux qu'une pauvre barre de céréales. Il la regarda croquer dans l'une d'elle après l'avoir remercié, il lui sourit. Elle lui en tend une cependant et il fait nan de la tête, car c'est pour elle et que de toute façon il ne peut rien avaler au risque de tout rendre, il a manger trop vite, tellement.

Il la regarde alors qu'elle se nourrit, il pense à cet enfant, il sourit encore. Le couloir est vide alors il veut en profiter, bientôt il sera de nouveau envahit par un flot incontrôlable d’élèves de tout age. Il soupire face à cet inévitable manque d'intimité, il se dit que c'est bientôt finit, ils n'en on plus pour très longtemps, bientôt ils seront tous les deux libres, ils auront leur maison, elle pourras la décorer comme elle le veut et puis il pourras enfin avoir un endroit propre et ranger, pas une espèce de porcherie comme en ce moment, les mecs le désespérait vraiment. Il ne voulait cependant pas se séparer d'elle, un tout petit mur, quelques mètres mais déjà beaucoup trop pour que ce soit tolérable pour lui.

Elle lui demande si il vas en parler à Luke, il soupire doucement, elle se doute sûrement de la réponse, il ne pourras simplement pas partir sans aucune explication, encore moins se marier sans en parler à Luke, Luke, c'est son soutient dans ce monde pourri, l'un des rares avec qui Leah parle vraiment si on peut dire ça, un de ceux dont il se jetterais sans hésiter pour le protéger d'un danger, celui pour qui il a été casser la gueule d'un parfait inconnu, à cause d'Anna, il soupire, elle aussi il devras lui en parler, car après tout c'est la première fille avec qui il est sortit, qu'il a aimé aussi même si comparer aux sentiments qu'il prouve pour Marly cette histoire avec Anna n'était rien, insignifiante, une broutille.

Ses pensées vont indéniablement vers Violet, il ne peut pas passer outre, elle est comme sa petite sœur ici, il vas forcément lui en parler, ça lui semble aussi évident que de respirer, et il aimerait tellement qu'elle lui pardonne, qu'elle soit là ce fameux jour mais il ne veut pas non plus imposer ça à Marly, il se sent mal, c'est de sa faute si tout est si compliqué, si il n'avait pas joué avec les sentiments des filles il n'en serait pas là, de nouveau il se sent con, tellement. Il regarde Marlene, il est heureux d'être là avec elle mais les pensées qu'il vient d'avoir lui font mal, tellement, il soupire avant de passer une main sur la joue de Marly et de lui sourire. Il prend son carnet :
- « Oui, c'est mon meilleur ami, je doit en parler, mais pas qu'à lui. »
Il n'écrit rien d'autre Marly est une fille intelligente elle vas comprendre.

Marlene avait envie de l'embrasser, de l'entraîner dans les dortoirs et d'en profiter, de rattraper le temps perdu. Mais pour l'instant c'était impossible, les élèves rentreraient bientôt, cela la faisait suer, elle ne serait plus seule, elle serait noyée dans la masse, perdue, séparée de Léandre. Alors elle resterait à ses côtés autant qu'elle le pourrait, elle voulait qu'il soit près du bébé aussi, il était son père, il devait s'y habituer. Mais bientôt ils pourraient s'échapper, libres comme des oiseaux, c'est cette pensée qui la rendait heureuse et qui lui redonnait le sourire. Elle termina une barre de céréales, elle n'avait plus faim mais c'était temporaire, bientôt elle devrait aller faire un tour aux cuisines pour voler quelque chose de plus consistant, surtout maintenant qu'elle avait l'enfant à nourrir.

Marly marqua un temps d'arrêt lorsqu'il lui répondit, elle fronça tout d'abord les sourcils, pas certaine de comprendre. Il parlait de Violet, là, ou des jumeaux ? Quoi qu'il en soit et quoi qu'il ait pensé à ce moment-là, cela la blessa, et elle sentit la marque au fer rouge se réveiller en elle. La vision de la jeune fille le jour de son mariage raviva sa terreur, de perdre Léandre, de passer pour ridicule, et raviva aussi la flamme de sa colère, elle chercha le regard de Leah, rageuse. Plus furieuse qu'autre chose, elle recula d'un pas, s'il voulait la mettre mal à l'aise, pire, en colère, c'était réussi.

« T'as donc décidé de me faire souffrir jusqu'au bout ? »

Sans qu'elle puisse se contrôler, elle fondit en larmes. Elle se sentait faible, honteuse, Violet était l'amie de Léandre et elle ne pouvait pas le priver de ça, mais après ce qu'il s'était passé elle était encore plus possessive qu'auparavant, elle ne voulait pas qu'on lui vole son Leah, (son lit aha ok je sors), et Violet c'était la pire chose qui puisse lui arriver maintenant, Moor à côté passait pour un bisounours. Elle ne voulait pas pleurer, elle essuyait ses larmes mais d'autres arrivaient pas paquet, elle étouffait des sanglots et pressait sa main sur sa bouche, arrêter de pleurer, arrêter de pleurer.

Elle leva le regard vers Léandre, il paraissait désolé, perdu, enfin tant d'émotions si difficiles à décrypter, elle avait de la peine pour lui, elle lui interdisait d'être libre, elle lui mettait des chaînes aux mains et aux pieds. Elle se mit à culpabiliser, elle sécha ses larmes, mais elle était encore secouée de soubresauts, il allait se rattraper elle en était certaine, il allait parler des jumeaux, mais trop tard le mal était fait. Elle soupira, laissant une petite distance entre eux malgré elle. Elle assena d'une voix plus tremblante qu'elle ne l'aurait voulu :

« Je... Désolée je ne voulais pas réagir comme ça. C'est que... je vois tout mal, j'ai... dès qu'on la mentionne... je peux plus me contrôler... J'aimerais me montrer plus forte, tu sais... J'ai honte... »

Elle s'emmêlait les pinceaux, elle avait envie de lui dire qu'elle l'aimait plus que tout et que Violet pouvait être au courant si ça lui chantait, qu'elle s'en fichait au fond et qu'elle lui faisait confiance, qu'ils s'appartenaient pour l'éternité. Léandre allait être blessé, il allait croire qu'elle ne croyait plus en lui et en sa fidélité, mais il ne comprendrait pas que lorsque c'est fait une fois, difficile de ne pas avoir peur pour les suivantes...

Il avait raison, Marlene était une fille des plus futés, peut être la plus intelligente de l'orphelinat même, aux yeux de Léandre en tout cas, mais sa réaction lui fit tellement mal, si mal qu'une toute petite seconde il se demanda si Marlene était la bonne personne, si elle si intelligente au final. Pourquoi elle ne comprenait pas que dans son cœur il n'y avait plus qu'elle, il aimerait tant qu'elle ouvre les yeux, qu'elle le voit mais aussi qu'elle comprenne ce qu'il partageait avec Violet. Il voulait lui crier dessus aussi, la prendre et la secouer pour lui faire voir la réalité, ils allaient se marier, il l'aimait à en mourir et puis elle était enceinte de lui, ce bébé était la plus belle des façon de s'unir.

Il eut tellement mal en entends ses mots amères, il eut envie de pleurer lui aussi, de se laisser aller dans le couloir et même de frapper le mur qui lui faisait face. Il s'en voulut, il aurait dut se contenter de parler de Luke, mais en même temps, il ne voulait pas lui mentir. Nan ce qui lui faisait le plus mal c'était les mots, car il lui rappelait encore et encore son erreur, il voulait oublier mais il ne le pouvait pas, elle lui avait dit ça comme si il prenait plaisir à lui faire mal, comme si il ne regrettait rien, comme si il était un monstre sans cœur, se dire qu'elle pouvait le voir comme ça lui faisait tellement mal, il voulait pleurer, crier, frapper encore et encore.

Il la regarda éclater en sanglot et ça lui fit encore plus mal, pourquoi il la rendait si malheureuse, pourquoi elle doutait tant, elle ne lui faisait pas confiance, ça le blessait, plus encore car elle pleurait. Il mourait d'envie de la prendre dans ses bras, ce n'était pas bon pour le bébé qu'elle pleure ainsi, pour leur couple non plus. Il ne voulait pas perdre Marlene, encore moins maintenant mais il ne pouvait pas non plus oublier Violet, elle était sa première amie, celle a qui il avait tout dit, qui savait tout, celle à qui il était si facile de parler, celle à qui il ressentait le besoin de parler en ce moment elle, il voulait la prendre dans ses bras et pleurer aussi, il avait besoin de Vi et il savait qu'il ne pourrait l'ignorer, il savait bien où ça l'avait mener la dernière fois.

Il regardait Marly, qui semblait essayer de se calmer, il voulait la prendre contre lui mais il avait aussi peur de ses réactions, il chercha un instant une excuse, il pouvait peut être mentir, parler des jumeaux mais sa phrase était claire, elle savait très bien de qui il parlait, il se dit qu'il était un boulet, mais en même temps, il faudrait qu'il en parle un jour ou l'autre, il ne pouvait pas passer son temps à regarder son amie de loin, à faire attention à ce que Marly ne s'en aperçoive pas. Nan il ne pouvait pas une nouvelle fois éclipser le sujet, ils devaient en parler, même si ça allait gâcher sa journée, leur journée, si merveilleuse pourtant, il trouvait ça totalement injuste, pourquoi il ne pouvait pas vivre un jour heureux en totalité ? Même ce jour où il avaient tant partagé dans la buanderie avait été gâché par une prise de tête des jumeaux, punaise, les jumeaux, il soupira, il allait devoir leur dire qu'il partait, sans eux.

Il ne vit pas Marly se rapprocher, il écouta ses mots, il comprit, mais ça ne changea pas grand chose, es mots qu'elle avait prononcé, ça voulait dire qu'elle le pensait tout de même un peu, nan ? Il ne savait pas, il soupira, il s'en voulait trop. Elle doutait de lui, il pouvait comprendre, mais elle ne voyait pas à quel point il souffrait de ce manque de confiance. Il soupira. Il prit sa tête dans se mains, si il pouvait crier il le ferait, mais il ne pouvait pas alors il se mit à marcher le long du couloir, il ne pouvait pas signer non plus, il du se résoudre à écrire :
- « Marly, tu sait que je t'aime ? Il n'y a que toi, il n'y aura plus que toi pour toujours, ça me fait mal que tu doute de moi, je m'en veut tellement, si je pouvais effacer ça je le ferait, mais je ne peut pas. »
Il soupire, réfléchit avant d'ajouter :
- « Je sait que tu la déteste mais je peut pas juste faire comme si elle n'existait plus, elle à toujours été là pour moi, c'est mon amie, si tu ne peut l'accepter je sais pas si c'est une si bonne idée au final. »
Il ne voulait pas la blesser mais il était honnête, il avait besoin de Vi et il fallait que Marly l'accepte.

La dernière phrase qu'elle lut eu l'effet d'un véritable raz-de-marée. Ce n'était même plus une claque, ou un coup de couteau. Il fallait qu'elle se rattrape, là, tout de suite, à quelque chose. Léandre ou le mur. Elle opta pour le mur. Elle posa une main dessus, fuyant le regard de Leah, si ça avait été une mauvaise idée alors il pouvait partir, elle ne le retiendrait pas. Il irait retrouver Violet, il l'épouserait elle et elle elle avorterait. Seule cette issue se présentait à l'esprit de Marlene, elle se sentait tellement mal de devoir douter du garçon comme ça, mais qu'est-ce qui pouvait l'empêcher de recommencer ? Elle connaissait sa sincérité, mais elle perdait les pédales dès qu'elle pensait à la jeune fille, surtout quand ça venait de Léandre. Dans le réfectoire, tout à l'heure, elle n'avait même pas songé à la colère lorsqu'elle avait vu Violet au fond. Elle se demandait pourquoi. Sa jalousie la rongeait elle-même, elle ignorait si elle était un véritable boulet ou si inconsciemment les hormones la faisaient réagir au quart de tour. Elle ne voulait pas connaître la réponse. Comme quoi tout ça, avant, avait été trop facile. Elle l'avait pensé. Il y avait toujours un équilibre. Le bon de la journée était passé, faisant place à toute la douleur et la souffrance. Leah ne comprenait pas Marlene. Elle ne comprenait pas Leah. Qu'est-ce qu'ils faisaient ensemble, alors ? Ils s'aimaient, certes. Mais des milliers de gens dans le monde s'aiment, alors qu'ils ne peuvent pas vivre ensemble. Ça serait sans doute le cas pour eux. D'un seul coup tout basculait. C'était le chaos total chez Marly. Sûrement pareil du côté du jeune homme.

Elle tentait de retrouver son calme, appuyée au mur. Elle le devait. En faisant de gros efforts elle parviendrait à se détendre et à discuter calmement, à tête reposée. Elle en doutait mais elle devait au moins essayer. Pourtant certains flashs s'imposaient toujours à son esprit, ils la hantaient. Marlene revoyait souvent le visage de Violet dans ses cauchemars, lors de leur première rencontre. Elle avait été méprisante. Elle avait été égoïste. Elle s'en voulait, elle lui en voulait. Mais le baiser que Vi avait échangé avec Léandre, ce n'était pas par titre de représailles ? Une vengeance personnelle ? Non, ça n'était pas possible. Violet n'était pas comme ça. Et puis, elle parvenait tout de même à croire qu'un jour, elle pourrait bien s'entendre avec elle. Peu probable, mais possible.

Mais là, Marly ne savait même plus quoi dire. La situation lui échappait complètement. Leah venait de dire qu'il la jetait, qu'il voulait qu'elle s'en aille ? Il rompait ? L'air s'expulsa des poumons de Marlene. Impossible. Elle inhala, expira, sans succès. Son cœur s'affolait, il ne pouvait pas faire ça, il l'aimait et dans la seconde suivante affirmait qu'elle n'était pas la bonne personne. Elle aurait dû comprendre mais lui aussi, ça n'était pas juste, la vie n'était jamais juste. Elle voulait juste ne pas croiser son regard, ne pas y lire toute sa rancœur, elle passait encore pour la méchante dans tout ça. Elle aurait voulu fuir, loin de ce couloir, hors du temps, se recroqueviller dans un coin en attendant que Lore vienne la chercher. Elle restait pourtant clouée sur place, les larmes avaient laissé place à la détresse, si elle avait pu s'évanouir elle l'aurait fait depuis longtemps, ce silence commençait à devenir gênant. Et le pire c'était qu'elle tenait encore sur ses pieds. Elle se trouvait si misérable, si faible. Vraiment conne.

Capituler. Elle allait capituler. C'était ce qu'il voulait, ce qu'elle ne voulait pas, mais elle n'avait pas le choix. Qui était en tort dans tout ça ? Il y avait tellement de fautifs, de responsables, tout était embrouillé. Les questions brûlaient les lèvres de Marlene, mais elle n'osait pas les poser. Cela lui brisait le cœur, plus que tout, qu'il avoue que Violet était plus importante qu'elle dans sa vie, ça lui faisait mal, il ne comprenait pas. Pour elle c'était clair que Loreleï passait au second plan, toujours, mais ça il ne le voyait pas, il ne l'avait pas vu...

« Tu peux pas me dire ça comme ça Leah. Tu viens de me demander en mariage, d'accepter le gosse pour ensuite me dire que je ne suis pas la bonne personne ? Si ça peut régler nos problèmes, je suis prête à oublier ce que Violet a fait. Je... Je ne veux plus en parler pour l'instant... S'il te plaît. »

Si il l'aimait vraiment, est-ce qu'il l'abandonnerait quand même ? Il pourrait le faire par amour. Il pourrait le faire en croyant qu'il l'aimait. Mais ça n'était pas ça, l'amour. Ça n'était pas dire aux gens qu'on aime toute l'affection qu'on leur porte pour ensuite les jeter comme des vieux mouchoirs. Ça n'était pas ça et ça ne le serait jamais.

Il la regarda commencer à paniquer alors qu'elle lisait ses mots, il s'en voulut, oui, il se sentit con, énormément mais il n'avait pas put se taire plus longtemps, la situation lui pesait depuis bien trop longtemps, il avait besoin d'en parler, c'était vital pour lui, si il ne le faisait pas, si jamais ils ne prenaient pas un moment pour en parler alors leur couple fonçait droit dans le mur et il s'y refusait. Seulement il se sentit con d'en avoir parler maintenant, il venait de tout gâcher et peut être même de perdre Marlene, pour toujours, nan, il ne voulait pas que ça arrive, il ne pouvait pas avoir agit de façon si idiote, elle lui pardonnerait, c'était forcé, ils s'aimaient trop pour tout briser d'un coup.

Il avait mal, ça le rongeait, il ne pouvait pas vivre heureux avec Marly tant qu'elle doutait de lui, c'était sa faute, il n'aurait jamais dut faire ce qu'il avait fait, il aurait du tout faire pour garder le secret mais c'était bien trop tard, on ne revient pas en arrière, jamais, non évidemment il n'aurait jamais finit ici, longtemps il s'était dit que vivre avec son père c'était mieux, car il y avait Alex, il s'était dit que se faire frapper valait bien la peine si c'était pour avoir Alexandra, de nombreuse fois il s'en était voulut et la première personne qui lui avait ramené les pieds sur terre, c'était Violet, alors elle il ne voulait pas la perdre, il aimerait tant que Marlene le comprenne et qu'elle arrête de la voir comme une rivale, car maintenant il était certain de ce que Vi représentait, une petite sœur, uniquement ça.

Il regardait Marlene accrocher au mur, elle ne le regardait même plus, il se demanda que faire, quitter le couloir signifiait mettre un terme à leur histoire, il le savait et il ne le voulait pas, non pas car il se sentait obliger d'être avec elle à cause du bébé mais simplement car il l'aimait, le bébé n'y changeait rien, leur fiançailles non plus, même si ils avaient seulement étés en couple il ne l'aurait pas laisser, car c'était trop horrible de la voir ainsi, encore plus en se disant que c'était à cause de lui et de ses conneries. Il avait encore cette envie en lui de tout casser, il avait besoin de parler et la première personne à qui il pensa fut bien évidemment Violet, il ne pouvait surtout pas faire ça, quitter ce couloir pour aller se jeter en larme dans les bras de Vi et tout lui raconter, impossible.

Il n'osait pas faire un geste, pas faire un seul petit bruit, il regardait sa Marlene contre ce mur et il se sentait tellement mal, il voulait lui dire je t'aime encore et encore, il voulait l'embrasser partout, la plaquer sur un lit du dortoir vide et la caresser, en se moquant de ce que dirait les autres. Il finit par se mouvoir, il attrapa la main de Marly pour l'entraîner dans le dortoir des filles, tant pis si c'était interdit, le danger de leur couple valait bien une punition. Il l'emmena jusqu'au lit de la jeune fille, il l'avait suffisamment espionner pour savoir que c'était celui là, il la poussa doucement pour qu'elle s'assoit, il contenait toute sa rage, car il ne pouvait pas la diriger vers elle.

Il la regarde assise sur son lit, de nouveau il ressent cette envie de la faire basculer et de l'embrasser fougueusement encore et encore mais on est pas au pays des bisounours et on ne peut pas tout régler a coup de bisous. Alors il souffle et prend son carnet, cherche ses mots, comment lui faire comprendre qu'il n'y a qu'elle qui a cette place si particulière dans son cœur, mais qu'il y a aussi Violet qui a une place, seulement pas la même. Il soupire oui, il aimerait qu'elle le comprennes, qu'elle sache qu'il a besoin d'une femme qui lui fait confiance qui ne croira pas qu'il vas en retrouver une autre à chaque fois qu'il sort de la maison, il a besoin de savoir qu'on lui fait confiance, car même si il ne l'avoue pas vraiment il n'a aucune confiance en lui, comment pourrait il après avoir passé son enfance à se faire traiter d'idiot, même si il sait que c'est faux, au fond de lui il doute toujours.

Il finit par s'asseoir à ses cotés, retient sa main, il voulait lui prendre l'épaule pour l'attirer contre lui mais il ne peut pas, elle lui en veut, elle le déteste, elle souffre, par sa faute, une fois de plus. Il ferme les yeux pour chasser tout ce qui lui passe par la tête, il se met brusquement à dessiner, les yeux toujours fermer, il ne contrôle pas vraiment ce qu'il fait, quand il rouvre les yeux il sourit, c'est exactement ce qu'il avait en tête un peu plus tôt, quand il était tout les deux dans la rue. On y découvre eux deux serré l'un contre l'autre, il a un bébé dans les bras, on devine le ventre rond de Marlene et un peu dans le fond deux enfants courent dans le jardin, il tourne la page avant d'écrire :
- « Marlene, tu est celle que j'ai choisit, tu n'a aucune peur à avoir, je t'aime plus que tout et tu a la place la plus importante dans mon cœur. Mais je n'y peut rien, elle est comme ma sœur, je ne peut pas ne plus la voir, je ne veut pas te faire mal en te disant ça, j'ai juste besoin d'en parler, j'ai l'impression que tu me voit comme un traître, que j’aurai beau faire tout les efforts du monde, tu ne me feras plus confiance, et c'est ça qui me fait peur, je croit en nous, j'ai envie d'y croire, mais si toi tu ne croit plus en moi alors j'ai peur de foncer dans le vide. »

Marlene se sentait tellement conne, elle n'avait pas envie d'y croire, à cette réalité, il n'avait pas pu écrire ça, ça signifiait qu'il pouvait se passer d'elle et que Violet était avant tout. Cela l'avait blessé, elle avait réagi à chaud, mais maintenant elle s'en voulait, sa colère avait débordé, elle aurait préféré se taire et ne pas relever. Pourtant elle ne pouvait s'empêcher de penser à tout ce qui s'était passé, elle faisait confiance en Léandre mais c'était plus de Violet qu'elle avait peur, qu'est-ce qui l'empêcherait de recommencer ? Et comme un con Leah se ferait prendre au piège, il était si insouciant parfois.

Mais Marly l'aimait trop pour lui avouer ce qu'elle pensait de sa meilleure amie, alors elle se tût, même si elle n'en pensait pas moins. Garder le silence c'était le meilleur moyen de ne pas dire la vérité sans mentir. Elle leva le regard, hésitante ; si le silence qui s'était installé lui révélait qu'il n'était pas parti, elle ignorait tout de ses intentions. Comptait-il la plaquer là sans lui laisser rien d'autre que les doutes et la peur ? C'était trop douloureux à surmonter, elle était plus que prête à mettre la tête hors de l'eau mais il fallait déjà trouver le bon endroit. Marlene mourrait d'envie de se jeter dans ses bras, de l'étreindre, de l'embrasser, cette chaleur qui l'envahissait la faisait presque frissonner. Se blottir contre lui, elle en avait tellement envie, ne pas obéir à ses pulsions c'était comme une punition, dure, pénible, mais méritée.

Elle fut saisie lorsque Léandre lui prit la main, qu'est-ce qu'il allait faire ? Des interrogations elle en avait tellement, elle voulait juste qu'ils oublient tout ça, qu'ils vivent heureux, libres, qu'ils aient des enfants, c'était tout ce qu'elle demandait. Si Leah l'avait quitté, et s'il l'aimait vraiment, il serait revenu, comme elle elle l'avait fait, comme ils le feraient sans doute jusqu'à la mort. Ils étais unis, un tout, si on les séparait c'était comme dissocier une mouche de ses ailes, briser un cœur en deux et jeter une moitié vers l'horizon.

Il la fit asseoir sur son lit, ils étaient presque tout au fond du dortoir, tant pis si on les voyait, si quelqu'un arrivait, les autres ne comptaient plus à présent, ils étaient seuls au monde. Marly sourit, elle ferma les yeux et laissa son ouïe dériver, elle entendait le crayon de Léandre, elle l'entendait mais elle n'osait pas regarder avant qu'il ait fini, cela aurait brisé la magie du moment. Il y avait comme un cordon, une toile, qui se tissait lentement entre eux, il avait été déchiré par leur dispute mais comme toutes les fois précédentes il se reconstituait, plus fort et volumineux que tout.

Marlene osa enfin jeter un coup d’œil au calepin, elle en resta soufflée. Dans les moindres détails était représenté la typique famille heureuse. Et celle qui se tenait sur ce dessin, le ventre arrondi, en compagnie de Leah, c'était elle, Marlene O'Brien, Marlene Winter. Elle était là, elle comptait dans le cœur de Léandre, dans sa vie, dans sa famille, mais le voir sur le papier cela rendait la chose si réelle et si proche, elle avait envie d'habiter avec lui au village, plus que tout. Elle lut ce qu'il avait écrit, en-dessous, elle s'en voulait, elle se mordit l'intérieur de la bouche.

« Tu fonceras jamais dans le vide... Parce que je serais toujours là pour te rattraper. »

Elle chercha le regard de Léandre, pour s'y perdre encore une fois. Elle déposa un baiser sur ses lèvres, elle ne craignait pas qu'il la repousse, ses paroles sonnaient comme une promesse, une affirmation, elle avait confiance en lui et au fond elle avait toujours su qu'il était fiable, mais tout avait été balayé après l'épisode Violet. Mais c'était terminé, bel et bien. Elle devait oublier, reléguer ce souvenir tout au fond de sa mémoire.

Elle saisit alors la main de Leah, celle qui tenait son crayon, et la guida pour écrire sur le carnet :
« Je t'aime. »

Elle sourit. Cela rendait la vérité plus vraie encore, plus réaliste, plus Marleah.

Il ne savait plus quoi penser, tout n'était que tempête et déluge dans sa tête, dans ses yeux, pire que tout ce qu'il avait ressentit avant, il se sentait couler et il avait l'impression que plus il essayait de remonter à la surface plus les vagues qui l'assaillait devenait grande, si grande, il n'était rien face à la fatalité de la vie, il ne pouvait lutter mais pourtant il le faisait autant que possible, il ne voulait pas s'avouer vaincu, pas perdre Marly, encore moins cet enfant, il les aimait trop pour les laisser, il ne pouvait pas alors il se battait dans l'eau pour essayer de survivre jusqu'au retour du calme, il attendait qu'on vienne le sauver mais la seule qui le pouvait à cet instant c'était Marly, il fallait qu'elle le veuille, elle tenait leur couple dans les mains et il espérait qu'elle ne le lâcherait pas.

Les mots de la blonde lui firent comme une bouée, il s'y accrocha et remonta à la surface, elle ne lui en voulait plus, elle avait oublié les mots idiots qu'il avait écrit, il se jura de déchirer ces pages maudites, l'inconvénient d’écrire tout ce que l'on veut dire c'est qu'il y a une trace écrite de ce que vous avez dit, impossible de nier. Il soupire, il l'aime tant, elle vient de le sauver, il n'aurait pas survécut si elle l'avait jeté, il avait trop souffert pour accepter une nouvelle fois la douleur, si elle l'avait laissé il aurait sûrement fait une connerie, dans tout les cas il n'aurait pas put aimer de nouveau, Marly avait prit toute la place, pour toujours, il ne pourrait plus aimer aucune autre, il le savait, c'était comme ça, ça faisait peur mais en même temps ça faisait du bien, tellement.

Leur regard se croisent de nouveau, il a l'impression que ça fait des jours entiers qu'il ne se sont pas regarder ainsi, dans les prunelles de Marlene il aperçoit de nouveau cette flamme, si belle, si brute, si vive en même temps, cette lueur est la plus belle des promesses, leur amour n'est pas mort au contraire, il battait en chacun d'eux encore plus fort qu'avant. Il sourit, il regarda de nouveau le dessin, oui il voulait fonder sa famille avec elle, vivre une vie heureuse, avec un tas d'enfants, cette promesse vibrait en eux deux. Il sentis la chaleur sur ses lèvres, le délicieux goût un peu sucré de Marly, il lui rappelait une saveur lointaine, une saveur d'avant, bien avant, quand ses parents l'avaient aimé, impossible de mettre un nom sur cette saveur, celle de l'amour peut être.

Il réprima un petit gémissement quand elle écarta ses lèvres des siennes, il voulait profiter d'elle tant qu'il le pouvait, elle allait bientôt rester là parmi les autres filles alors qu'il devrait rejoindre son dortoir, il ne parlerait pas à Luke, pas aujourd'hui en tout cas, il voulait garder ça encore un peu secret, rien que pour lui, de toute façon cette affaires aurait vite fait de circuler dans l'orphelinat. Il la laissa guider sa main, il trouvait ça étrange mais en même temps si agréable, il lut les mots, son cœur accéléras, oui ils s'aimaient tous les deux, comme personne ne s'est jamais aimé, leur amour était plus fort que tout, il surmonterait tout, il détruirait les obstacles, il gagnerait, toujours, à jamais.

Il lâcha doucement son carnet, qui tomba sur le sol ; Il l'embrassa de nouveau avant de se faire plus désireux, il la poussa en douceur pour qu'elle s'allonge sur le lit, il savait bien que les autres allaient rentrer d'un moment à un autre, il s'en moquait, tout le monde pouvait les voir, ça lui était égal, il avait envie de l'embrasser encore et encore, il voulait la sentir près de lui, il avait envie de se tapir contre elle et de respirer son odeur. Il se coucha sur le lit de la jeune fille et la prit dans ses bras, il embrassa tout doucement son cou avant de fermer les yeux, il ne pouvait pas parler, il ne le pourrait jamais mais en ce moment précis ce n'était pas un problème. Il la serra contre lui et il fut bien, il n'entendit même pas le bruit des blanches qui rentraient, ils n'étaient plus seuls maintenant.

Les blancs allaient bientôt rentrer, ça allait jaser de toutes parts. Marlene redoutait plus que tout d'avoir à affronter le regard de Violet si elle entrait. S'allongeant sur le lit et entourant le cou de Léandre de ses bras, elle décida de se détendre un peu, ça n'était pas un problème si on la voyait comme ça avec lui, pour une fois elle pouvait se laisser aller au lieu de penser à toutes sortes de problèmes. Elle soupira, elle se sentait bien contre lui, ses grands bras qui l'entouraient et sa bouche sur la sienne lui donnaient l'impression qu'elle était en sécurité, que le regard des autres n'allait pas la transpercer comme des lasers, qu'elle était juste Marlene, qu'il était juste Leah, et qu'ils s'aimaient plus que tout autre sur cette terre. Elle était heureuse, la menace ne planait plus sur eux, elle allait avoir un enfant avec l'homme qu'elle aimait et cela l'emplissait d'une joie indescriptible. Les mots n'étaient jamais assez fort pour décrypter ses sentiments.

Les blanches rentrèrent soudain en un flot continu, d'abord sans s'apercevoir de leur présente. Marly sentait le garçon contre elle, si elle ne bougeait pas, est-ce que les autres filles la verraient ? L'on se mit aussitôt à pousser des cris indignés, et un brouhaha emplit alors la pièce. Certaines voulaient dégager Léandre, d'autres bavardaient comme des pies en ricanant. Marlene leur jeta un regard assassin et se redressa, serrant les doigts de Leah avec force pour éviter d'exploser. Toutes ces pimbêches l'énervaient, si elle avait pu en frapper quelques-unes, elle l'aurait fait.

« Je crois que tu devrais partir d'ici... On se voit demain ? »

Si elle avait eu le choix elle ne l'aurait pas abandonné ainsi, mais elle était obligée, après la douche tout le monde devrait se coucher, personne n'était censé contester les règles. Marly embrassa le jeune homme, elle aurait tant aimé rester avec lui, encore un peu, sa présence était rassurante, elle avait envie de dormir dans ses bras pour éviter les cauchemars. Elle baissa les yeux, elle n'aimait pas tous ces regards qui la fixaient avec haine ou curiosité. Elle prit la main de Léandre et l'entraîna à l'extérieur du dortoir, elle se sentait tout de suite mieux, à l'abri des autres filles. Elle n'avait pas repéré Violet dans le tas, ce qui ne signifiait pas forcément qu'elle n'y était pas. Autant l'oublier. L'oublier, Marlene.

« Je suis désolée... »

Elle le dévisagea, caressant son visage. Elle regrettait de devoir l'abandonner pour la nuit. Elle était certaine qu'elle ne dormirait pas, elle avait besoin d'une présence prêt d'elle. Ce qui l'aidait à tenir, c'était la pensée que bientôt la liberté lui offrirait cela, alors elle n'avait plus qu'à attendre.

Il était bien, couché avec Marlene sur son lit, il aurait put rester des heures entières comme ça, il sentais leur peau l'une contre l'autre, leur chaleur partagés, c'était bien, apaisant, il ne pensait pas que en une seule journée il puisse vivre tant de chose, ressentir tant d'émotions. Il sourit, il ferme les yeux, malgré les bruits des filles qui rentrent, ils ne font rien de mal de toute façons, ils sont juste allongé sur le lit de Marly, on peut bien les laisser tranquille. Il serre un peu plus sa Marly contre lui, il prend des grandes bouffées de son odeur, car il sait bien qu'il vas devoir se séparer d'elle. Le dortoir s'emplissait, on ne les remarqua pas tout de suite mais quand ce fut fait, la pièce devint une véritable basse cour, certaine hurlait, à croire qu'elles n'avaient jamais vu un garçon, certaines ricanèrent et puis quelques-unes, peu, se tuèrent.

Il soupira en entendant les paroles de Marlene, il devait se lever et quitter ce lit, cette position si agréable, il devait se séparer d'elle, c'était ça le plus dur, devoir la quitter du regard, se retrouver de l'autre coté du lit, dans un grand lit vide, pas si grand que ça en fait, trop petit même mais il se serrait volontiers fait tout petit pour lui laisser de la place. Il soupire en sentant Marlene se détacher de lui, il hurlerait bien à toute ses filles de se casser d'ici. Il la sent se lever, il l'imite, elle lui prend la main, l’entraîne à travers la foule de jeune fille, elle semble honteuse, il se demande si c'est à cause de lui mais il en doute, tout l'orphelinat sait qu'ils sont ensemble.

Il regarde toute ces filles, un sourire se dessine sur son visage, au fond ça l'amuse de les faire suer de la sorte. Son sourire s’amenuise un peu en croisant le regard de Violet et d'Anna qui se tient à ses cotés. Il soupire avant de reprendre ce grand sourire, de toute façon on s'en moque, il est heureux, il l'aime et puis il se moque des autres. Il aimerait tant pouvoir dormir avec elle, elle pourrait le rassurer, chasser les cauchemars, la peur, les angoisses. Il rêve de dormir contre elle, mais il se dit que ce n'est plus dans très longtemps, bientôt il seront libre tout les deux, c'est la plus belle des promesses.

Elle lui murmura qu'elle était désolé, il se mit à rire doucement avant de placer un bras de chaque coté de sa tête et de l'embrasser, il aimait tant faire ça, il ne voulait pas la quitter. Il soupira avant de l'embrasser de nouveau encore et encore, il se moque des murmures qu'il entends en provenance du dortoir, brusquement il entends des sifflets et certain garçon l'interpelle en lui hurlant :
- « Bien joué ! »
Il soupire avant de quitter à regret les lèvres de Marly, plus moyen d'être tranquille. Il songe tout doucement :
- « Je t'aime ! A demain ! »
Et il lui tourne le dos pour retrouver son dortoir. Il sait qu'il vas bien avoir du mal à dormir et que quand il le feras ça seras pour rêver d'elle, d'eux.

Marlene regrettait de ne pas pouvoir rester plus longtemps avec Léandre, elle ne supportait cependant pas les paroles de ses camarades envers lui, envers elle, elle ne voulait pas qu'il entende ; d'ordinaire les garçons n'entraient jamais dans le dortoir des filles et c'était comme trouver un ver dans une pomme, étrange et dégoûtant. Dans l'esprit de toutes ces rubans blancs, un gars et une fille enlacés c'était comme s'ils faisaient des choses en public, c'était indécent, inimaginable. Et même si Marly avait envie de rire en entendant ça, cela lui donnait envie de pleurer et de se réfugier dans les bras de Leah. Tout le monde était au courant qu'ils étaient en couple, mais elle avait l'impression que n'importe quelle parole pourrait dévoiler qu'elle était enceinte, qu'ils étaient fiancés, tout ce qu'ils allaient entreprendre dans l'avenir...

La jeune fille savait qu'en rejoignant ses camarades, elle serait mise en quarantaine, on allait tenter de l'éviter, plus encore qu'on ne l'avait fait jusque-là. Elle avait changé, depuis le temps, mais on avait toujours peur qu'elle se remette à gémir, de nouveau, se plaindre des lits trop durs ou des brosses à dents usées jusqu'à la corde. Elle ne remettait plus en question sa condition d'orpheline depuis bien longtemps, mais apparemment personne ne s'en était rendu compte. De toute façon, elle avait envie d'être seule. Elle irait voir Loreleï le lendemain, ou le jour d'après. Elle ne devait pas être nécessairement au courant de tout à la minute, non plus.

Marlene observa Leah s'éloigner, elle avait hâte d'être le lendemain matin, pour pouvoir le reprendre dans ses bras, l'embrasser, le voir tout court. Elle fixait toujours son dos, même lorsqu'il entra dans le dortoir des garçons. Elle sursauta brusquement lorsqu'une nuée de rubans blancs sortirent de la pièce pour prendre leur douche. Léandre s'était mêlé à la foule, il avait disparu. En soupirant, Marly rejoignit son lit et s'y allongea, rêveuse. Elle songeait au bébé, à son avenir, mais n'osait pas poser les mains sur son ventre, de peur de se trahir. L'épisode de l'infirmier était à présent loin derrière elle ; seule sa propre vie comptait à présent. Elle allait s'unir à Leah, il allait être le père de ses enfants, et ce pour toujours. Il n'y avait plus de place pour le doute à présent.

RP FINI

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