La tête lui tournait, le sol sous ses pieds tournait alors qu'il tentait d'avancer difficilement et les arbres sur son chemin tournait aussi. Pire, il avait une horrible envi de vider ses tripes sur le sol de cette forêt. Très glamour, hein. La fièvre l'avait pris bien trop subitement et comme l'idiot qu'il était, il avait préféré s'enfoncer dans la forêt pour que personne ne le voit aussi pitoyable que retourner à l'orphelinat ou au village pour demander de l'aide. Non, bien sur, il ne l'avait pas fait. Ça aurait été trop simple. Évidemment, c'était bien mieux de se compliquer la vie ! Non, pour le coup, il avait très mal joué. Très très mal joué. Il s'arrêta de marcher, ses jambes ne le portant pas plus loin. Il s'appuya contre un arbre et se laissa glisser au sol, repliant ses genoux – assez difficilement avec sa prothèse – et posa sa tête dessus, essayant de faire passer son envie de vomir et son mal de crane. Il essuya rapidement une goutte de sueur qui lui descendait de la tempe, essayant de penser à autre chose qu'à la fièvre qui l'emplissait.

Il devrait peut-être arrêter de fumer. Après tout, c'est ça qui l'avait entraîné dans cette situation. Il était sortie par le passage secret de l'orphelinat après les cours pour aller se griller une cigarette, comme il le faisait d'habitude, sans penser à sa santé fragile. Mais bon dieu, il ne voulait pas vivre en se privant, ça ne serait pas une vraie vie ! Lui, tout ce qu'il voulait, c'était vivre normalement et faire comme les jeunes de son âge : boire, fumer et d'autres chose aussi – mais on allait rester discret sur les pensées d'un adolescent de seize ans remplis d'hormones. Punaise, et il n'avait personne à prévenir parce que comme un abruti, il avait oublié son téléphone. De toute façon, la seule personne qu'il aurait pu appeler aurait été le médecin de Gergis et il lui faudrait du temps avant d'arriver. Et puis, Aaron ne voulait pas le déranger, ce n'était pas vraiment nécessaire. Il commençait à avoir l'habitude, sa santé lui tapait vraiment sur le système. Surtout le système immunitaire. … C'était pas le moment de faire des blagues, d'accord. En plus, la fièvre lui faisait penser des conneries qui arrivait à lui mettre le sourire aux lèvres.

La nausée commença à s'estomper un peu mais il avait toujours mal au crane et il ne se sentait pas la force de se relever tout de suite. Il allongea ses jambes devant lui et appuya sa tête contre l'arbre derrière lui, fermant les yeux doucement. Il commençait à somnoler contre sa volonté, la fièvre le fatiguant beaucoup trop. Il eut tout de même la force d'ouvrir les yeux quand il entendit des pas venir dans sa direction, scrutant la forêt pour voir qui allait en sortir.