Bonnie marchait, regardant nerveusement autour d'elle. Elle avait besoin d'une cigarette, et donc devait sortir sans se faire voir par les surveillants. Cela la stressait encore plus, si bien qu'elle se mordait les lèvres sans arrêt. Quand elle déboucha enfin dehors, elle poussa un soupir de soulagement. Elle s'abrita du soleil éclatant en se cachant sous un escalier de pierre, et porta une cigarette a ses lèvres. Elle actionna son briquet, un zippo, souvenir de sa vie d'avant. C'était un cadeau de sa meilleure amie de l'époque "toxico", Harley. Elle était morte environ 3 mois après la cure réussie de Bonnie. Overdose, dans des toilettes publiques, a 15 ans. C'était triste, Bonnie avait beaucoup pleuré, mais cela faisait partie de son quotidien de junkie. Elle avait perdu beaucoup d'amis et de connaissances qui étaient tous accro a l'H (héroïne étant un terme trop violent pour elle, elle la surnommait H.). L’espérance de vie des toxicos était très courte, elle en avait conscience.
Elle tira une longue bouffée de sa clope, et souffla la fumée en fermant les yeux, avec un soupir d'aise. Ces souvenirs déprimants lui venaient de loin, elle avait du mal a distinguer le vrai du faux, car a cette époque elle n'était pas souvent en confrontation avec la réalité. Son sang était toujours saturé d'H. Elle se rappelait ne plus pouvoir avaler autre chose que du fromage blanc, tant son organisme était mal en point. Sa santé était toujours fragile depuis cette période, mais c'était moins horrible pour elle. Au moins elle pouvait manger ce qu'elle voulait, ou presque. La nourriture de l'orphelinat lui paraissait presque aussi bonne que celle d'un restaurant 4 étoiles après ces années passées a ne manger que du fromage blanc.

Elle baissa les yeux sur sa cigarette, observant le tabac se consumer délicatement. Elle pensa qu'un cigarette était une image de la vie. Tout se passe bien jusqu'a ce qu'une flamme nous brûle. A ce moment la on est perdu, et on se consume a une vitesse hallucinante. Elle détourna son regard vers la forêt qu'elle observait au loin, et tira sur sa clope. Elle était presque terminée, ce qui la fit faire une moue de dépit. Elle la fuma jusqu'au filtre -y'a pas de petites économies-, et l'écrasa sous son talon avant de la balancer dans l'herbe. Puis elle s'assit contre le mur et porta ses ongles a ses lèvres, dans ce tic qui lui était si familier. Ses ongles étaient très courts, et elle se faisait saigner souvent. Elle plongea son regard dans le ciel bleu et commença a repenser a sa vie d'avant.

Spoiler:

Luke se lassait de rester a l'orphelinat. Certes il sortait, quand il travaillait au bar, mais ces sorties paraissaient malgré tout très rares. L'ambiance qu'il avait connue autrefois a l'orphelinat avait bien changée, et aujourd'hui elle était plus pesante que jamais. Moor punissait encore et toujours de pauvres enfants, sans raison. Tout ça le mettais hors de lui. Il fallait qu'il fasse de nouvelles rencontres. Il se dirigea vers le jardin, pour prendre l'air. Il descendit les escaliers, traversa la grande baie vitrée et se retrouva dans le jardin.

Il y avait pleins de gens, dont quelques personnes qu'il connaissait. Il reconnu, entre autre, son meilleur ami, Léandre, ainsi que sa copine, Marlène. Une jeune fille, elle semblait avoir vers les 17 ans, blonde, plutôt jolie, avait l'air nerveuse. Comme si quelque chose la terrorisait. Bien sûr, en gentleman, il se dirigea vers elle, lentement, pour ne pas l'effrayer, et lui demanda:

"Salut, je m'appelle Luke, et toi ? Tu as l'air nerveuse, ça va ?"

Il faisait beau, le soleil était radieux et s'élevait haut dans le ciel. Il ne faisait ni trop chaud ni trop froid. Il ne voyais donc pas pourquoi cette jeune fille était nerveuse. Peut être avait elle des problèmes autour d'elle, ou peut-être n'était-elle pas là depuis aussi longtemps que lui, ce qui expliquerait qu'elle ne soit pas aussi joyeuse qu'elle devrait l'être. Il pensa en dernier recours, que peut-etre qu'elle était nerveuse à cause des personnes qui l'entourent; Peut-être étaient-elles trop nombreuses.

Elle était en train de sortir une nouvelle cigarette de son paquet, -elle fumait trop, elle le savait- quand un jeune homme lui adressa la parole. Elle n'en avait pas l'habitude, alors la pas du tout, et elle perdit (encore) tous ses moyens. Bonnie tourna la tête vers lui dans un sursaut, les yeux grands ouverts, et laissa échapper son paquet de ses mains. Elle tenta de le récupérer avant qu'il ne heurte le sol et se renverse, mais sans succès, elle aggrava même son cas, les cigarettes volèrent plus loin.
Elle avait de la chance, estimait t'elle, que ce ne fut pas un surveillant qui vint a sa rencontre. Elle balbutia, se baissant pour récupérer ses clopes, le regard fixé sur le sol.

"Oh euh, pardon. Je veux dire, désolée.. Je... Ca va, merci."

Elle était rouge comme une pivoine et se mordit les lèvres. Elle avait l'air trop ridicule, a réagir comme ça alors qu'on ne faisait que lui parler. Elle le regarda et murmura son prénom. Pas sur qu'il l'avait entendue. Elle rassembla non sans mal ses cigarettes, jurant interieurement. C'en devenait maladif cette maladresse.