La journée avait été plutôt chargée pour moi. Les cours n'avaient pas été de tout repos, beaucoup trop de matières scientifiques à mon goût – non je n'étais définitivement pas un esprit scientifique. Moi, ce que j'aimais, c'était la musique, l'art et la littérature. Enfin, j'arrivais tout de même à garder mes notes dans la moyenne, et cela me suffisait. Après les cours, j'avais eu quelques heures de libre mais impossible d'en profiter pour me reposer. Mes amis avaient voulu qu'on reste ces quelques heures ensemble et je n'avais pu refuser leur invitation, bien que je savais que la nuit risquait d'être longue.

A la fin du repas, je m'étais éclipsée, comme tous les jeudis, vendredis et samedis soirs. J'avais un petit travail de serveuse dans le seul bar du village que j'avais réussi à trouver et qui me permettait d'économiser assez d'argent pour pouvoir partir au Canada, le moment venu. Quand j'arrivais, je saluais rapidement mon collègue, Luke Adams, qui était également dans ma classe. Je n'avais pas eu le temps de discuter plus que ça, le vendredi était un soir chargé et il n'y avait pas de temps à perdre. Je me dépêchais de poser ma veste derrière le comptoir avant de m'occuper des clients. Le service fut plutôt long, même pour un vendredi et il se termina aux environs de minuit. C'était tôt, me diriez-vous ? Peut être dans une grande ville mais le village n'était pas très grand et le bar n'accueillait pas non plus des centaines de personnes.

Je fus la dernière à partir et c'est à moi que fut confiée la tâche de fermer le bar. Je laissai les clés sur le comptoir, le gérant en avait un double, et la porte se verrouilla quand je la fermai. Je remarquai que Luke m'attendait quelques mètres plus loin, visiblement voulant faire le chemin jusqu'à l'orphelinat en ma compagnie. Luke était un bon ami à moi, on se connaissait depuis son arrivée et nous étions collègues de travail depuis presque autant de temps. Il était quelqu'un dont j'appréciais la compagnie, grâce notamment à son cœur en or. Et puis, j'avais beau m'intéresser au genre féminin, je ne pouvais pas nier qu'il était plutôt agréable à regarder.

Je m'approchais de lui, en lui souriant et nous commençâmes à marcher en direction de l'orphelinat. J'étais plutôt fatiguée ce soir-là et je ne savais pas vraiment comment engager une conversation. J'étais gênée de mon incapacité à trouver un sujet, ce que je faisais aisément la plupart du temps. Mais, pour être honnête, j'étais tellement épuisée ce soir-là que mon cerveau fonctionnait au ralenti.

Je voyais déjà la fin de cette agréable journée ! Décidément, le temps passe vraiment vite quand on aime ce que l'ont fait ! Je n'apprécier pas vraiment les cours, mais ceux de Mr.BLAKE étaient vraiment géniaux ! Morgan BLAKE était le professeur de musique, et je dis dire qu'il savait animer ses cours. Il les rends plus intéressant que tout ce que vous pouvez l'imaginer ! Il fait partit des professeurs qui vous font aimer une matière pour les mêmes raisons que vous la détestiez.

 Nous étions aujourd'hui jeudi, et comme tous les jeudis, je travaillais ce soir là ! Je sentais déjà que la nuit allez, elle, être longue. Ma journée avait été bien plus qu'agréable, mais elle était également , il fatigante. Comment allais-je tenir le coup ? Peut-être grâce à mon amie d'enfance, Paige.

 Paige était une jeune fille très jolie. Son visage était fin et délicatement dessiné. Ses longs cheveux ondulés, rouge, lui tombaient sur les épaules. Sa silhouette était svelte et élancée, en bref, c'était une fille magnifique, c'est pourquoi, il y a quelques années de cela, je lui avait proposé de sortir avec moi. Hélas, je n'étais pas vraiment son genre ... on dira simplement qu'elle préfère les filles.

 Ce soir là, je travaillais au bar, le seul bar du village. Il n'était pas souvent remplit, mais l'un des soirs où il l'était le plus était le jeudi. Lorsque j'arriva au bar, pour l'ouverture du soir, Paige n'était pas encore là, elle n'arriva que quelques minutes plus tard. Nous nous mîtes au travail. La soirée fût, comme je l'avais prévu, très longue !! Je pense qu'il en était de même pour la jeune femme qui me tenait compagnie.

 Je sortis le premier, suivit de peu de Paige. Je l'attendais devant la porte de la sortie. Peut-être que pour une fois nous pourrions rentrer ensemble jusqu'à l'orphelinat, pensais-je. Lorsqu'elle sortie et me vit, elle semblait surprise mais contente. Elle était très fatiguée. Peut-être avait-elle eu une dure journée. Elle s'approcha de moi en souriant, et nous nous mîtes en route vers l'orphelinat.

 Je voulais engager la discussion, mais je ne savais que dire ... Peut-être pouvais-je parler du passé ? Je n'aimais pas trop cette idée. Je me lança et dit:

   -"Dure journée ?"

 Je n'étais pas vraiment content de cette question, elle n'était pas sensationnelle, mais elle engageait la conversation.

J'aimais beaucoup la présence de Luke. Il était une personne plutôt posé et j'adorais passer du temps en sa compagnie, et ceux depuis que nous nous étions rencontrés alors que nous étions encore enfant. Nous avions environ le même âge  et à cette âge là, les enfants se lient facilement d'amitié. Nous avons ensuite grandis ensemble et nous avons toujours été dans la même classe. Je me souvenais même d'une année, cela devait être il y avait deux ou trois ans de ça, où il m'avait demandé de sortir avec lui. C'était une période de ma vie où je me posais beaucoup de questions, notamment sur mon orientation sexuelle, et je devais dire que sortir avec Luke ne m'avait pas attiré particulièrement. Je le trouvais très beau et vraiment gentil mais il semblerait que je n'étais pas du tout attiré par les garçons, ce qui s'était d'ailleurs confirmé quelques mois après sa demande. Avec le recul, j'étais heureuse que cet histoire n'ai pas brisé notre amitié, si chère à mes yeux.

Luke était également un musicien très doué et il m'avait souvent permis d'assister à ses répétitions au fil des années, à ma plus grande joie. J'aimais vraiment beaucoup la musique et j'adorais l'écouter. J'avais pu ainsi observer ses progrès, qui avait été considérable en très peu de temps ! Il était particulièrement doué pour la musique, que ce soit pour le piano ou pour la guitare. J'étais persuadée que si il décidait d'apprendre à jour d'un autre instrument, il serait excellent en quelques mois seulement !

Nous avions fais quelques mètres de route jusqu'à l'orphelinat dans un silence un peu gênant, ce n'était pas vraiment dans nos habitudes d'être silencieux, quand il me demanda si j'avais passé une dure journée. J'accueillais un peu cette question comme une délivrance à l'atmosphère un peu lourde qui s'était installée entre nous.

« Pas vraiment une dure journée, elle était longue surtout. Et fatigante ! J'ai hâte de rentrée pour pouvoir dormir enfin ! riais-je légèrement. Et toi, comment as-tu ressenti ta journée ? Lui demandai-je en souriant. »

Paige comptait vraiment beaucoup pour moi, elle était la seule personne qui était restée à mes côtés depuis longtemps. Elle était la seule à avoir vu mes progrès en musique, et était également là quand nous avions décidés, mes amis et moi, de monter un groupe. Elle était vraiment beaucoup pour moi ! Nous n'avions aucun secret l'un pour l'autre, c'est pour ça que ce silence pesant semblait suspect. Je lui avais tendue une perche, afin d'engager la discussion. Heureusement qu'elle l'avait attrapée. Elle m'avouait que sa journée n'avait pas été longue, mais fatigante, ce qui revenait presque au même. Elle me demanda ce qu'il en était pour moi.

-"Et bien, j'ai passé une excellente journée ! Je ne suis resté qu'avec Morgan, le professeur de musique ! Il est vraiment sympa, tu ne trouve pas ? Nous avons joué toute la journée. Je trouve même que la journée est passée très vite !"

Beaucoup de filles de l'orphelinat aimaient Morgan pour son sourire et son charisme, mais peu le connaissent assez pour affirmer qu'il sait vraiment enseigner ! Chose qui est assez dommage, d'ailleurs ...

Luke me parla du professeur de musique, Morgan Blake et je remarquais qu'il semblait l'apprécier énormément ! C'était bien normal quand on voyait à quel point mon ami aimait la musique et il adorait partager sa passion avec son entourage, ce qui était bien normal. Monsieur Blake était quelqu'un que je trouvais très sympathique et ses cours étaient géniaux ! Il avait un tel enthousiasme quand il enseignait ! Cela se ressentait énormément et je trouvais merveilleux de voir un professeur aimer autant son travail. Sérieusement, son seul défaut est qu'il captait un peu trop l'attention des filles, c'était agaçant de les entendre presque glousser dès qu'il souriait ! Évidemment, je plaisantais ! Il semblait vraiment qu'il n'avait aucun défaut !

« Je le trouve génial ! Il doit être un des mes prof' préférés de l'orphelinat, expliquais-je à Luke. C'est génial que t'es trouvé un prof' avec qui tu peux jouer ! T'as dû bien t'éclater ! Il joue bien ? »

C'était une question un peu stupide, après tout il était professeur, son niveau devait être assez élevé. J'étais ravie de voir que Luke avait trouvé un adulte qui partageait sa passion et qui pourrait peut être lui donnait des conseils sur sa futur carrière de musicien. Mais je ne me faisais pas trop de soucis sur son avenir, il avait tout le talent nécessaire pour y arriver ! J'avais confiance en lui sur ce point-là !

Nous ne fîmes que des éloges un instant durant sur le professeur de musique que nous apprécions beaucoup tous les deux ! Elle avait l'air de partager mon enthousiasme. Je lui répondit:

   -"Oui, je me suis vraiment bien amusé ! Il joue vraiment parfaitement bien !"

 Je trouvais ça vraiment bien qu'il puisse m'aider à construire mon avenir ! Nous passâmes dans une sombre ruelle. Un cri retentit. Paige me regarda d'un air effrayé ! Je ne savais pas quoi lui dire pour la rassurer. J'aurais voulu aller voir ce qu'il se passer au bout de la rue, mais je ne voulais ni laisser Paige seule, ni qu'elle vienne avec moi, ça pourrait être dangereux. Je n'eût donc d'autre choix que de la prendre par la main et de la faire me suivre, chose qu'elle fit sans poser de question. Elle se cramponna à ma main, je sentais qu'elle avait peur.

 Nous avançâmes sans bruit dans la pénombre. Je ne savais alors pas ce qui nous attendait. Je sortis ma lampe torche de ma poche, l'alluma, et la pointa devant moi. Sur le bord il y a avait une porte et des poubelles. Certainement une boîte de nuit.

Un cri avait retentit de l'autre côté d'une ruelle que nous traversions. Je sursautais de peur en l'entendant et je jetai un regard effrayé à Luke. A qui appartenait ce cri ? Je me rapprochais de lui et me cachais derrière son dos, mon regard en direction de la ruelle. Il me prit par la main et nous avançâmes. Je serrais fort sa main dans la mienne pour dissiper mes tremblements. Je n'aimais pas du tout ce genre d'ambiance. Il faisait sombre, nous étions en plein milieu de la nuit et nous devions rentrer au plus vite. L'atmosphère apaisante qui s'était installé entre mon ami et moi s'était dissipée à l'entente du cri et j'avais maintenant de grosses appréhensions sur ce que nous pouvions découvrir dans cette ruelle.

Cette dernière mena sur une porte et des poubelles. Une musique forte nous parvenait, nous étions à côté de la boite de nuit, ou plutôt devant la porte arrière. En continuant à avancer, nous vîmes une femme plaquée contre un mur par un homme, visiblement saoul,  qui cherchait à l'embrasser. La jeune femme se débattait et appelait à l'aide. Je regardais la scène et la colère fusa en moi. Je ne pouvais pas supporter ce genre de comportement ! Si une femme disait non, c'était non. Les violeurs et autres harceleurs étaient probablement les gens que je respectais le moins au monde.
La colère prit le pas sur ma peur et je lâchais la main de Luke pour m'avancer vers les deux personnes.

« Hey toi ! interpellai-je l'homme. Laisse la tranquille ! Si elle dit non, c'est non ! »

C'était peut être une réaction stupide de ma part mais je ne pouvais certainement pas laisser une situation telle que celle là se passait devant mes yeux sans rien faire. Et puis, je savais que, quoi qu'il arrivait, j'aurais le soutien de Luke.

Nous étions dans cette rue sombre et lugubre. Paige serrait ma main jusqu'à la broyer. Nous avancions vers cet effroyable cris que nous avions entendu. Qu'était-ce ? Au loin deux silhouettes se dessinaient peu à peu. En me rapprochant je voyais une femme, adossée au mur. Un homme, âgé d'un trentaine d'année, se pencher sur elle, l'empêchant de fuir ses avances. Il était visiblement saoul. Paige lâcha soudainement ma main. Mais que faisait-elle ? Je l'a vis qui s'avançait vers les deux individus. A quoi jouait-elle ? Il pouvait être dangereux. Elle s'adressa violement à l'homme, en lui disant ces mots :

« Hey toi ! Laisse la tranquille ! Si elle dit non, c'est non ! »

Elle s'était toujours battue pour les droits des femmes, donc ce qu'elle faisait ce soir là ne m'étonnait pas le moins du monde ! Elle était plutôt proche du jeun homme, et je ne savais pas comment ça aller tourner, comment il allait le prendre, j'avais peur pour mon amie. Il décolla ses mains de sur le mur, et libéra la jeune femme, apeurée, qui courut se réfugier derrière moi ! Il s'approche de Paige, d'un air menaçant, et l'attrapa par le bras. Je sentais qu'elle était morte de peur ! Son visage blanchie, ses muscles se raidirent. Je fis signe à la jeune femme de rester derrière moi, et m'avança de l'individus qui tenait en grippe mon amie, et dit :

- »Je te conseils vivement de la lâcher, et vite, du moins si tu ne veux pas finir dans un mur en béton ! »

Il me regarda un sourire pathétique aux lèvres ! Je l'attrapa par le bras, lui remonta dans le dos, et le fit se mettre à plat ventre par terre. Je n’ai pas besoin de vous préciser qu'entre temps il à vite lâcher Paige. Je pense que sur le coup, il na pas compris ce qui lui arrivait ! Il essaya quand même de se débattre. Je lui expliqua, le moins sanglament possible, qu'il vaudrait mieux qu'il ne recommence jamais ce qu'il venait de faire.

Je le lâcha. Il partit en courant vers la porte de la boîte de nuit. Je pense que nous ne le reverrons jamais. Je me dirigea vers les filles, horrifiées de ce qui venait de se produire. Je me tourna d'abord vers l'inconnue, elle était vraiment pâle et ne bougeait presque plus. Je lui pris la main, pour la rassurer, et je lui demanda si ça aller aller. Elle mit un moment à me répondre. Elle finit par me dire que oui, qu'elle allait rentrer chez elle et essayer d'oublier cette affreuse scène. Elle partit dans la direction inverse de la notre.

Je regarda Paige, elle avait vraiment eu peur. Je la pris dans mes bras. Je lui demanda ensuite la même chose qu'a la ravissante inconnue.

J'observai Luke maitriser rapidement l'homme, encore choquée par son geste. Je me frottai doucement le bras à l'endroit où il m'avait agripper. Il ne m'avait pas particulièrement fait mal, après tout il était saoul donc sa force était moindre, mais cela avait été brutal et je n'avais pas été préparé à ça, bien que je pouvais deviner qu'il aurait une réaction de ce genre. Luke s'occupa de la jeune inconnue tandis que je restais en retrait. La jeune femme finit par s'éloigner, encore choquée et mon ami s'approcha de moi. Je devais être belle à voir tiens. J'imaginai aisément la pâleur qui avait pris place sur mes joues et les larmes que je sentais au coin de mes yeux. Je devais vraiment avoir une tête remplis d'effroi pour que Luke me prenne dans ses bras, à peine ses yeux posés sur mon visage.

J'enfouis ma tête dans son torse et je laissais la pression retombée doucement. Quelques larmes, résultant du choc, coulèrent sur mes joues pour s'écraser sur le t-shirt de mon vis-à-vis. Je soupirais une dernière fois avant de me libérer de l'étreinte et de lancer un grand sourire à Luke.

« C'est bon, ça va ! J'ai juste été un peu choquée ! Dans tous les cas, merci.»

J'étais très reconnaissante pour l'aide qu'il m'avait apporté. Je devais encore être un peu pâle mais mon sourire réconforta un peu mon ami. Je lui proposais de continuer notre route, je n'oubliais pas la fatigue qui m'emplissait. Je restais silencieuse et repris la marche jusqu'à l'orphelinat en tenant le bras de Luke.

Je sentais qu'elle était pétrifiée. Elle m'étreint fortement. J'en fit de même. Je sentis quelques larmes mouiller mon tee-shirt. Je voulais relever délicatement son petit minois pour les essuyer, mais je n'en fit rien. Je la laissa faire retomber la pression qu'elle venait d'accumuler. J'avais une forte envie de pleurer, mais je ne le pouvait point ! Je n'avais pas le droit de craquer moi aussi ! Lorsqu'elle s'en sentit prête, elle me libéra de son étreinte, et me tendit un grand sourire. Cela me rassura, elle avait l'air d'aller mieux. Elle me lança:

« C'est bon, ça va ! J'ai juste été un peu choquée ! Dans tous les cas, merci.»

Je comprenais tout à fait ce qu'elle voulait dire ! J'avais moi aussi était choqué de ce qu'il venait de se passer. Nous nous regardâmes longuement, avant de décider de rentrer à l'orphelinat. Je lui pris la main, dans la pénombre effrayante, et la guida le long du chemin.