Je marchais tranquillement dans les jardins. Il était 8h30 du matin et pourtant les lourds nuages noirs donnaient l'impression qu'il faisait encore nuit. Normalement je devais avoir cours de musique mais je haïssais leur façon d'enseigner. Pour moi la musique se résumé à mon cher violon. Je mettais beaucoup amélioré depuis quelques mois. Je séchais de plus en plus pour retrouver mon violon. Et en général pendant deux, trois heures résonnait dans le dortoir jaune des filles des ritournelles qui s'élevaient dans l'air jusqu'à m'en faire perdre la tête. Je savais tiré de mon violon les mélodies les plus tristes jusqu'au plus joyeuses des balades. Mais je préférais jouer des mélodies tristes. Je ne sais pas... Pour moi ces mélodies me faisait sourire. Elle avait un goût sucré de guimauve. Le parfum de la nostalgie. J'ai toujours adorée la guimauve. Du moins aussi loin que je m'en souvienne.

Soudain alors que je rasais les murs du jardin deux ombres beaucoup plus grandes que moi apparurent dans mon champ de vision et me barrèrent le passage. Je relevais lentement la tête. J'étais face à deux garçons bruns d'environ treize ans et qui faisait facilement deux têtes de plus que moi. Je déglutis. Oups. A cette heure-ci tout le monde était en cours personne ne me viendrait en aide. Non seulement j'allais me faire martyriser mais en plus engueulée par Moor car elle allait savoir que j'avais séchée.

Ils me poussèrent violemment par terre sur l'une des allée de graviers. Je grimaçais. Je sentais tout les petits cailloux me rentraient dans les bras. Rappelez moi pourquoi j'avais enlevée mon pull et retroussais les manches de ma chemise ? Je me relevais bien rapidement car malgré le fait que j'étais en collants noirs, ma jupe s'était relevée et je ne voulais pas qu'ils profitent de la vue. Cependant je n’eus pas le temps de me redresser que je me sentais repartir à terre.

Ils rigolèrent grassement tandis que je me frottais le bras. Je grimaçais. C'était pas du jeu ! Non seulement j'étais toute seule, j'étais plus petite et tout ! Ils avaient pas le droit ! Mais que pouvais-je faire ? Je n'étais qu'une petite fille et ils étaient deux rands garçons. J'allais me relever lorsque j'entendis des bruits de pas discrets. Les deux autres ne les avaient pas entendus trop occupés à discuter pour savoir ce qu'il allait me faire. Je fis une grimace. J'avais plus 20 dollars néo-zélandais dans ma poche droite. Si ils s'en apercevaient ils me piquaient tout. Et ca je le refusais ! Il m'a fallu plus de dix mois et une dizaine d’expéditions non-autorisée au village pour amasser cette somme et pouvoir m'acheter ma toute première partition pour mon violon. Bien sûr je n'avais pas volé. Mais j'avais vendu mes vieux uniformes à des commerçants du coin. Une chemise par-ci, une jupe par là... Normalement nous devions donné nos uniformes aux plus jeunes mais je n'étais pas connue pour respecter les règles bien que Athaine essaye parfois de me faire rentrer dans les rangs. Bref. Je comptais aller acheter ma partition le week-end prochain Ils n'y toucheraient pas ! Je décidais donc d’appeler à l'aide celui qui passait par là. Et tant pis si c'était un prof :

"-Aidez moi s'il vous plait !!!"

Je me reçu rapidement un coup de pied dans le genou destiné à me faire taire. Mais cela ne servait à rien. J'étais sûre et certaine qu'on m'avait entendu. Du moins je l’espérais.

Spoiler:

Je souris en voyant les deux garçons en fuite. Comme ça ils avaient l'air beaucoup moins impressionnants ! Je me retournais vers le garçon qui m'avait aidé et je reconnus Nicky un élève de ma classe. Je saisis la main qu'il me tendait et me relevais. Je lui souris timidement lorsqu'il me demanda si tout allait bien. Son ton était réellement inquiet et il était rare que l'on s'inquiète vraiment pour moi j'avais la réputation d'une solitaire silencieuse et sachant se débrouiller par elle-même. Personne ne savait qu'en vérité j'étais juste une petite fille très timide mais très gentille et compréhensive d'après Athaine. Je m'époussetais un peu, enlevant la terre qui c'était malencontreusement échoué sur mes bras dénudés. Je frottais un peu plus fort afin d'enlever toute trace restantes et souris, enfin satisfaite du résultat. Ça faisait tout de suite plus propre et un peu moins souillon quand même. Je me redressais et dit le regard au sol sur le bout de ma ballerine noire qui remuait les graviers :

"-Non non ça va... Merci de m'avoir aidé. C'est gentil."

Je souris et me demanda ce que je pourrais faire pour réellement le remercier. Pour moi une simple phrase n'était pas suffisante. Après tout il venait de sauver ma future partition ainsi que des mois d'économies qui seraient partis en fumée sans lui. Ça valait bien plus qu'un simple "Merci". Soudain j’eus une idée. Il y a environ j'ai découvert et aménagé le grenier. Cela pourrait faire un bon moyen de le remercier. Oui j'allais faire ça. Alors je lui demandais :

"-Tu veux voir un truc vraiment cool ? Suis moi !"

Sans attendre de réponse je partais en direction du grenier. Je gravissais les étages en quatrième vitesse et finalement j'arrivais au cagibi où se cachait l'échelle pour accéder au grenier. J'ouvris la porte du petit placard et entrais avant de commencer à monter et de faire signe de la main à Nicky pour qu'il me suive. Arrivais en haut, je plissais les yeux. C'était bien trop sombre tout ça ! Je me dirigeais vers la fenêtre tout en me prenant des tables et des chaises. Alors finalement je retirais la planche qui masquais la fenêtre et la déposais en dessous de celle-ci. Aussitôt une lumière douce entra dans la pièce. J'avais tendu un bout de tissu blanc devant la fenêtre qui perçait à même le toit. Parce que quand il faisait soleil mes petits n'oeils criaient grâce. Je jetais un coup d’œil discret au bureau sous lequel était planqué le sac qui contenait les partitions et l'étui qui lui-même contenait mon violon. Heureusement le sac était marron et se fondait parfaitement dans l’atmosphère du grenier. Je fis tombé le matelas une place que j'avais relevé contre le mur sous la fenêtre. Alors je soulevais une latte de plancher et glissais le bras dedans pour attraper l'un des nombreux sacs de bonbons que j'avais planqué là. Alors enfin je me laissais tombé assise sur le matelas le dos contre le mur mon sac de bonbons dans la main. Je souris à Nicky et déclarais en étendant les bras :

"-Mon repère ! Tu viens t'asseoir ?"

Je souris tandis que Nicky s'asseyait à côté de moi. Il m'avais aidé et franchement sans lui c'était non seulement des mois d'escapade, de riques et autres qui partaient en fumée mais aussi un énorme obstacle dans mon apprentissage du violon. Bien sûr j'aurais continué mais ça aurait été un sacré coup dur. Je soupirais avant d'offrir un lumineux sourire à mon protecteur. J'aurais voulu rester dans ce grenier toute ma vie et même plus. J'étais simplement à l'aise avec mon camarade, un paquet de bonbons et une atmosphère apaisante avec tout ce qui se passé dehors. J'entendis sa question mais je pris quelques instants pour répondre, rassemblant ma vie en quelques mots :

"-Je suis là depuis ma naissance... Enfin je crois. Lorsque j'avais 6 ans, je suis devenue amnésique. Je n'ai pas de souvenirs de ce qui c'est passé avant. Mais je suis sûr de mon passé. Et toi ? Ça fait combien de temps que t'es ici ?"

Je lui fis un sourire attendant sa réponse, piochant une fraise tagada dans le sac. Je préférais les crocodiles en gélatine mais, évidemment, c'était dans ceux-là que je m'étais servie en premier. Il devait encore en avoir dans les autres sacs mais j'avais la flemme de me lever. Ce serait pour une prochaine fois. Puis comme ça je serais contente d'en avoir la prochaine fois que je monterais.

Je ne m’apercevais même pas que j'avais déballé, en quelques mots, une partie de ma vie, de plus a un camarad à qui je n'avais pratiquement jamais parlé. Ce que je regrettais d'ailleurs. Nicky était un garçon gentil que j'aurais aimé connaître avant. Mais bon il fallait remettre les choses à leurs places. J'étais une fille discrète et silencieuse. Les autres rubans jaunes me connaissaient légèrement et seulement grâce a Athaine, qui c'était donné pour mission de m'ouvrir aux autres en me faisant lâcher un peu mon violon. Et pour l'instant ses tentatives n'aboutissaient pas à grand-chose. Mais bon, Athaine était une fille super déterminée. Je savais qu'elle finirait pas réussir à me faire aller voir les autres. Mais en attendant, rien ne certifiait que les autres veuillent bien de moi. Mais Nicky était gentil non ? Peut-être que les autres étaient pareils ? Ce serait bien quand même. Mais j'avais des doutes. Une petite voix me souffla "T'as qu'a lui demander..." Quoi ? "A Nicky, t'as qu'a lui demander..." Mais lui demander quoi ? "Ben si les autres sont gentils bécasse !" Ah oui peut-être... C'était pas bête mais... Et si Nicky savait pas ? Bah si je lui demandais pas je pouvais pas savoir non ? Aller, j'me lance :

"-Dit Nicky... Est ce que les autres rubans jaunes sont gentils comme toi ?"

J'avais demandé ça calmement, un peu timidement mais surtout avec beaucoup de naïveté. Mais je ne m'en étais pas rendu compte de tout ça. Que ma question était naïve et peut-être un peu déplacée. Seule la réponse m'importais. Et Athaine ne pouvait me la donner. Non. Ça, seul Nicky pouvait me l’apporter.