Athaine regarda autour d'elle et soupira, les autres enfants étaient en train de courir partout en criant et en riant, pathétique songea t'elle, elle ne voyait pas l’intérêt de courir ainsi sans but, s'agiter pour rien, utiliser son énergie d'une façon des plus inutiles. Et puis ces gamins la fessait suer, ils lui cassaient les oreilles et les pieds par la même occasion. Elle pousse un nouveau soupir au moment où il se rapproche trop d'elle, en criant toujours, au moment où une petite passe vraiment trop près à son goût elle glisse discrètement son pied en avant et la petite s'affale sur le sol, pitoyablement, la fillette se met à pleurer et Athaine la regarde avec délectation, fessant mine d'être innocente, pas très convaincante il faut l'avouer mais personne ne dit rien.

Il commence à pleuvoir doucement, Athaine regarde les autres qui commencent à se replier dans le bâtiment. Elle hausse les épaules, après tout ce n'est que de l'eau, personne ne meurt parce qu'il est mouillé, et puis au moins maintenant le jardin est on ne peut plus calme, ce qui ne doit plus être le cas du bâtiment et encore moins du dortoir où les rubans jaunes doivent être en train de jouer à un quelconque jeu de gamines. Le regard d'Athaine cherche son amie Mayaline dans la foule de gamins se pressant pour rentrer, mais elle ne la voit pas, elle reste donc là, tranquille dans le calme que seul le bruit de la pluie sur l'herbe vient interrompre.

L'eau commence à tomber un peu plus fort, il vas falloir qu'elle rentre à son tour si elle ne veut pas choper la crève et les foudres des surveillants, elle se lève et alors qu'elle vas se diriger vers la porte elle remarque au fond du jardin une silhouette qui se faufile discrètement vers le portail et se glisse à l’extérieur de l'orphelinat, un sourire se dessine sur son visage, malgré les trombes d'eau qui lui tombe dessus, elle est en mode chaton trempé mais elle a de quoi aller faire sa petite fayote. Elle se précipite à l’intérieur. Elle déboule dans le bureau de la vie scolaire, toujours entièrement trempé, mais elle s'en moque, elle prend une inspiration avant de demander :
- « Y'a quelqu'un ? »

HRP:

Le temps était mauvais. Il commençait a faire vraiment froid. Elle frissonna, obligée de surveiller la cour. Et comme si le vent ne suffisait pas, des gouttes commencèrent a tomber du ciel. Elle poussa un long soupir, et elle rentra donc dans le petit bureau assigné au travail des surveillants, la porte donnant sur la cour, tandis que les petits rubans jaunes se réfugiaient sous le petit préau. Elle surveillait vaguement, plongée dans ses pensées. Son retour a l'orphelinat soulevaient d'étranges sentiments en elle. Elle ferma les yeux et pris une longue inspiration. Cela ne lui ressemblait pas, et elle perdait son regard hautain habituel. Le bruit de plus en plus fort de la pluie frappant les carreaux la força a sortir de ses pensées pour retourner a son devoir de surveillant. Elle se posta a l'entrée du bureau des surveillants et fit signe aux petits de rentrer. Sans vérifier qu'ils ne l'écoutaient ou pas, elle retourna dans la petite pièce en frissonnant. Il faisait vraiment froid. Elle passa un pull en laine qui traînait et s'assit en face de la table de travail, se plongeant dans la paperasse ennuyeuse qui traînait. Essentiellement des listes d'élèves a punir.

Elle fut encore dérangée par une petite voix fluette.

"Y'a quelqu'un ?"

Elle soupira, et répondit, d'une voix froide et hautaine.

"Oui. Qu'est ce que tu veux."

Athaine regarde la jeune femme qui pivote et lui jette un regard exaspéré. L'orpheline est ravie de reconnaître l'une des nouvelles surveillantes qui n'est pas du genre à chercher des compromis, qui punit ce qui le mérite, elle ne s’apitoie pas sur ceux qui pignent une fois prit. Enfin une personne qui prend son travail au sérieux, une personne grâce à qui ça ne seras pas l'anarchie dans ses lieux, car on est dans un orphelinat pas dans un zoo, il faut des règles et chacun doit assumer ses erreurs. Voilà le point de vue d'Athaine, voilà pourquoi elle est là pour dénoncer les tords.

Elle fait un grand sourire à Lula, sourire de fayote, elle lui répond :
- « Ben je suis là parce que je me suis dit que ça vous intéresserait de savoir que certain profite de la pluie pour faire le mur, mais sinon je peut retourner dans le dortoir ! »
Nouveau sourire, elle à lâché ça comme elle constaterait qu'il pleut, d'une voix naturelle, innocente, balancer les autres est un acte banal chez elle. Elle sait très bien que ça intéresse la surveillante, elle ne se serait pas fait suer à venir ici si ça ne donnerait rien.

Une petite balance. Ce furent ces simples mots qui lui vinrent a l'esprit quand elle baissa les yeux vers la petite tête brune qui dénonçait son camarade, un sourire candide aux lèvres. Aucune scrupules se dit elle, et elle sourit intérieurement. C'était la petite Thiaville, une de ces pensionnaires qui ne posaient pas de problèmes et qui n'hésitaient pas a balancer leurs amis, quitte a se faire qualifier de balances par ses semblables. Tant mieux, cela facilitait la tâche des surveillants.

"Tu as vu qui c'était ?" lui demanda t'elle, l'air toujours maussade.

Elle forma une pile avec les dossiers qu'elle triait, être surveillante lui offrait l'opportunité d'en apprendre de belles sur les pensionnaires, et elle ne s'en privait pas, et se leva. Elle marcha vers la petite brune, qui était tout sourire. Elle jeta un coup d'oeil dehors, la pluie battait les arbres de la cour, et le vent devenait vraiment froid. Elle fronça le nez et enfila son manteau, se postant sur le pas de la porte.
Elle jeta un regard froid a la gamine.

"Montre moi l'endroit où tu l'as vu."

Athaine regardait attentivement les réaction de la jeune femme, cette dernière l'intriguait au plus au point, elle travaillait ici alors que d'après ce qui se disait dans les couloirs elle avait vécu ici en tant qu'enfant, elle avait dormit dans les mêmes lits qu'elle, s'était assise dans les mêmes salles de classe et avait sûrement vibré de la même envie de liberté que la plupart des orphelins, ...ou pas, puisqu'elle était là. Athaine se voyait bien travailler ici plus tard, elle aimait traquer les fautes de ses camarades, voir ce que tous les autres n'imaginait même pas, trouver les faiblesses des autres et les balancer en plein jour, ou les garder et faire chanter ceux sur qui elle avait des infos. Elle se voyait très bien dans le rôle de surveillante.

Elle sourit à la jeune femme, elle n'avait pas très bien vu, elle ne pouvait pas certifier à 100% que sa réponse serait exacte ainsi elle préférerait se taire, ne pas se décrédibiliser, elle secoua la tête pour répondre, elle ne savait pas. Elle avait crut reconnaître un ruban blanc, celui là même qu'elle avait aperçut main dans la main d'une fille qui n'était pas sa copine, copine a qui elle avait donné avec joie l'information contre rétribution bien sur, les surveillants n'était pas les seules personnes à qui elle donnait des infos. Oui elle pensait que c'était lui, ce fameux Léandre, mais elle ne voulait pas de donner de nom sans certitude , alors elle prit un air antipathique pour s'accorder à la surveillante.

L'orpheline observait attentivement les dossiers que la jeune femme avait en main, elle y lisait les prénom de personne qu'elle connaissait, les dossiers des orphelins, ça c'était intéressant, y jeter un coup d’œil pourrait être une source considérable pour faire chanter les autres. Elle se mit en mouvement en voyant la jeune femme enfiler son manteau, elle allait lui montrer le lieu du crime avec grand plaisir, et elle espérait au fond elle même que son rôle ne s’arrêterait pas à montrer le lieu, elle avait envie de participer à une grande chasse à l'homme. Elle sautille jusqu'à la porte, grand sourire sadique aux lèvres. Elle se précipite vers le jardin et se rapproche du mur, elle se tourne vers la jeune femme :
- « Il a sauté par dessus le mur, je suis pas sure mais c'était sûrement un ruban blanc, un mec plutôt grand. »

Lula jeta un regard a la petite. Elle semblait differente des autres pensionnaires de l'orphelinat, semblait aimer les 'pions', contrairement aux autres, qui n'hésitaient pas a le montrer, prenant le risque de se faire réprimander. Ce genre d'enfants manquaient a l'orphelinat, ils facilitaient la vie et le travail du personnel.
Elle reporta son attention sur le garçon qui se serait soit disant échappé. Un mec plutôt grand, chez les blancs, c'était vague comme information. La plupart des blancs la dépassaient d'une tête, si ce n'était pas plus. Elles avançaient vers le muret en question.
La jeune femme plissa les yeux pour essayer d’apercevoir quelque chose a travers les cordes qui tombaient. Une silhouette,au loin. Elle se rapprocha encore, et reconnu les épaules larges du grand Winter. Elle eut un sourire en coin, elle savait qu'il sortait souvent en cachette et qu'il ne s'était jamais fais prendre. Ca allait changer.
Elle baissa les yeux vers la petite Thiaville, un sourcil levé, d'un air légèrement hautain.

"Tu ne devrais pas rester."

Elle alla déposer ses documents dans la vie scolaire, et, ignorant totalement la petite qui l'observait avec un sourire qui semblait admiratif, elle passa au dessus du grillage, chose qu'elle avait fait des centaines de fois quand elle était elle même pensionnaire. Et elle n'avait pas perdu la main, a son plus grand contentement. Elle adorait ça. Partir en chasse aux fugueurs. Ca arrivait relativement souvent, c'était au moins la 3e fois pour elle depuis les quelques semaines qu'elle avait passé ici en tant que surveillante.

Athaine observa Lula, cette dernière semblait septique quand au informations de la petite jaune, celle ci souriait pourtant car elle avait attiré l'attention et c'était bien à ses yeux. Il pleuvait toujours à grosse goutte, peut être encore un peu plus qu'avant et les deux filles commençaient à ne plus ressembler à rien, tremper comme jamais mais elle s'en moque autant l'une que l'autre. Lula se tortilla pour essayer d’apercevoir le fameux jeune homme et le reconnaître sûrement, Athaine l'imita et fût presque certaine que c'était Léandre.

Lula alla poser les document qu'elle avait garder contre elle. Athaine resta là observant la silhouette disparaître petit à petit, elle souris, elle allait avoir quelque chose à raconter mais surtout elle voulait savoir ce qui poussait le garçon à sortir ainsi, sous la pluie et surtout en plein jour, habituellement les grands s’échappaient en soirée. Un sourire se dessine sur son visage, savoir qu'il vas se faire prendre, être punit. Elle se moquait en réalité de qui il s'agissait, ce qui comptait c'est de savoir qu'il allait être châtié, qu'on ne laisserait pas ses fautes impunies, ça la rassurait, savoir qu'il y avait un cadre ici, qu'il n'était pas livré à eux mêmes.

La surveillante revint et Athaine la regarda escalader la barrière, elle était impressionné, Lula semblait connaître par cœur ce genre de chose, elle devait l'avoir fait un nombre incalculable de fois, il est vrai qu'elle avait été enfant ici, elle a sûrement fait le mur elle aussi, Athaine ne les comprend pas tout ceux qui cherchent à s'enfuir, ici au moins ils ont de quoi vivre et puis si on suit les règles ont peut vivre normalement. En même temps Athaine voudrais la suivre là, pour voir la tête du garçon se faisant prendre mais elle n'est pas téméraire et elle ne veut pas tomber en disgrâce alors elle reste là. Elle finit par crier :
- « Bonne chance ! »

Elle reste un long moment ici, sous la pluie, au bout d'un moment tu n'y pense même plus, elle observe la surveillante s'éloigner, elle sait très bien que ce n'est pas vraiment une question de chance, pas pour la surveillante en tout cas, nan celui qui est en train de jouer pour l'instant c'est Léandre et il est presque certain qu'il a déjà perdus. La petite ne distingue presque plus Lula, elle hesite, ne sachant que faire, un instant elle se demande si elle ne pourrait pas la suivre mais finalement elle se décide à rentrer dans le hall et à attendre leur retour.