17 ans - 26 juin 1975

Charlie est plutôt grand pour son âge. Ses muscles commencent à se développer et il compte bien ressembler à une armoire à glace dans très peu de temps. Le garçon a plutôt un beau visage, dont des yeux noirs ravageurs. Il a la manie de passer la main dans ses cheveux, ce qui les ébouriffant sa crinière châtain, qui paraît blonde lorsqu'elle est exposée au soleil. Charlie a des mains et des genoux cagneux en raison des corvées qu'on lui fait faire, et ses jambes noueuses sont tantôt un avantage, tantôt un inconvénient, surtout en ce qui concerne le sport. Charlie promène avec lui en permanence un petit sourire narquois, et je peux vous dire qu'il en a fait tourner bien des têtes.

Charlie est un garçon vif, pas très curieux, mais qui cherche toujours à découvrir plus qu'il n'en sait. Sa tendance à fourrer son nez dans ce qui ne le regarde pas lui apporte de fâcheux ennuis, mais il s'en tire toujours d'une manière ou d'une autre. C'est un type bien, généreux, qui ne supporte pas les larmes. Il fera tout pour consoler une personne qui en a besoin, même s'il peut devenir condescendant avec les gens qu'il n'apprécie pas. Charlie s'énerve facilement, mais surtout, très violemment. Lorsqu'il est dans cet état, il ne répond plus de rien, tenez-le vous pour dit. C'est en quelque sorte un Robin des Bois, qui vole aux riches pour donner aux pauvres. Mais il est de nature très méfiante, et accorde peu sa confiance aux autres. Il ne se mêle que rarement aux groupes formés par les orphelins, et se sous-estime grandement. Il préfère rester à l'écart, marginal comme il est, ne se souciant que de ses propres problèmes quand il juge que ça ne le regarde pas.

La seule chose que Charlie n'a jamais racontée, c'est qu'on l'a déposé bébé sur le perron d'un orphelinat de Nouvelle-Zélande dans un vieux carton. Cet épisode de sa vie l'a marqué, non parce qu'il s'en souvient, mais parce que c'est honteux, selon lui, d'être arrivé ici de cette manière. Durant son enfance, il racontait à tout va que ses parents étaient des gens fortunés, bons et affectueux, qui l'avaient traité comme un roi, mais que le malheur s'était abattu sur sa famille et qu'un accident les avait tué. Bien entendu, c'était faux, puisqu'on l'avait trouvé dans un carton, mais il se plaisait à imaginer ainsi son passé. Ses géniteurs avaient dû l'abandonner par nécessité ; Charlie n'arrivait pas à se résoudre qu'ils n'aient pas voulu de lui. Mais, au vu des loques dans lesquelles il avait débarqué, à environ un an et demi, à l'orphelinat, on pouvait se douter que ses parents n'avaient jamais été riches.

Aux alentours de ses dix ans, on décidé de l'emmener à l'Orphelinat Moor, qui commençait à grandir en notoriété, et qui était mieux indiqué pour élever le jeune Charlie. Là-bas, il s'y plut, bien qu'il resta souvent seul et réservé. Il vécu au pensionnat jusqu'à aujourd'hui, où il y est encore, et s'y complaît bien. Il s'est fait quelques amis par-ci par-là, c'est tout.