Cela faisait maintenant presque deux semaines que j'étais à l'orphelinat, je détestais cet endroit, mais en vérité je n'avais pas eu le choix, on m'avait conseillé un orphelinat loin de mon pays, car ma demande d'émancipation avait été rejeté. Si seulement je pouvais vivre par moi-même sans avoir besoin de supporter ces règles, cet uniforme et ces mômes geignards, je pourrais plus facilement passer outre la mort de mes parents, ou au moins me sentir un peu plus soutenue. Ici, je ne connaissais personne, j'avançais tel un robot attendant le vide pour m'y jeter, car oui, il n'y avait plus d'âme en moi, plus une once de bonheur depuis que j'avais mis les pieds ici. Déjà, dès la première seconde où j'avais vu ce bâtiment et ces affreuses portes d'entrées, j'avais songé à faire demi-tour et à m'enfuir. Seulement, cet orphelinat était plus qu'une prison, c'était un piège, on y allait, parce qu'on y était forcé, mais en plus aucuns moyens de s'échapper puisque l'on se retrouvait sur une île. J'avais songé longuement à de nombreuses évasions, mais en vain. C'était la raison pour laquelle j'allais pratiquement tous les jours me recueillir dans la forêt ou la cabane abandonnée, je n'avais pas à faire face à cette structure, en tout cas, tant que je le pouvais. Car nous avions nos obligations, et ne les ayant pas respectées un bon nombre de fois déjà, j'avais été puni, et ce, dès mon arrivée. C'était la première phrase que j'avais entendu de la part de Rebecca, celle là, je m'en souviendrais.

Enfin, ici nous allions rencontrer l'inspecteur, c'était peut-être le bon moment pour faire fermer les portes de l'orphelinat, en tout cas, je l'espérais fortement, mais avec tous ces surveillants autour de nous, si mon but n'arrivait pas à terme, j'allais le payer cher. Je regardais donc tout autour de moi, tandis que j'arrivais au lieu dit. Je m'étais maquillée un peu plus que d'habitude, puisque pour l'orphelinat, cette soirée serait considérée comme un festin. Enfin, je restais toujours discrète, n'aimant pas les personnes sophistiquées. Apparemment, Moor annonçait que nous allions être répartie par binôme, afin de se connaître, ce n'était pas une idée qui me déplaisait, puisque je ne connaissais pratiquement personne, mais je songeais surtout que c'était pour éviter tous débordements entre élèves qui auraient pu s'allier pour faire de nombreuses bêtises. Le buffet était donc ouvert, et apparemment je me trouvais avec une dénommée Aurore. Très bien, en regardant autour de moi, je comprenais que c'était la fille qui avait déjà fait tomber un bon nombre de personnes. Je n'avais pas trouvé cela amusant, pensant que dans un endroit pareil, le mieux était de se soutenir les uns les autres au lieu de se faire la guerre.

Enfin, c'était un mauvais départ, mais sur lequel je ne pouvais pas la juger. Je la voyais se servir à manger, sans même me parler, et en profita pour boire un verre d'alcool. Sans m'en rendre compte j'avais moi aussi bu tout d'un coup, en effet, j'avais l'habitude de boire presque tous les jours avant, en travaillant dans le bar-restaurant de mes parents, je n'étais donc certainement pas choquée par son comportement, en fait je m'en fichais. L'alcool n'avait donc que très peu d'effets sur moi, et avant même qu'elle ne reparle, je pris en cachette un second verre pour me mettre dans l'ambiance. Je me retournais donc vers elle, en esquissant un léger sourire, et en me disant que c'était la soirée où je pourrais peut-être m'amuser un peu. Enfin, cela jusqu'à ses paroles. Apparemment elle n'était pas très sympathique, mais ne savait pas à qui elle avait à faire, j'avais beaucoup de défauts certes, et ma franchise en faisait partie car je n'étais pas diplomate et mon langage pouvait très bien le prouver. Ensuite, je savais que physiquement, je pouvais endurer chaque personne de cet orphelinat, je supportais énormément de choses, et cette fille ne me faisait en aucun cas, peur, elle me faisait plutôt rire. J'esquissais donc un sourire mesquin en coin, avant de lui répondre.

« Avec une personne aussi peu respectueuse et polie, non tu peux être sûre que je vais pas rester dans les parages, y'a mieux à trouver. D'ailleurs, pour infos, j'm'appelle Kate. Enchantée. »

Cette dernière phrase, je l'avais dis sur un ton des plus ironique. Je n'allais pas jouer les soumises pour plaire à ses jolis yeux, et je lui montrais aussi, qu'elle pouvait se comporter davantage comme une adulte qu'une adolescente en pleine rébellion. Nous avions dépassé ce stade, enfin, moi c'était le cas pour moi. Je continuais donc à grignoter, ayant toujours apprécié la nourriture, j'allais me donner à tous les excès, eh oui, tous, que ce soit alcool ou nourriture. Je la regardais donc très sûre de moi, et à la fois interrogative, la poussant à répondre, laissant mon regard parler pour moi. On aurait pu transcrire mon regard par un « Alors, tu vas te comporter gentiment ou on se met directement sur la gueule ? Car pour moi je préférerais la première option, mais la deuxième ne me fera en aucuns cas flipper, j'ai vu pire que toi ma belle ! »

Aurore semblait être une peste de première, enfin, je ne pouvais pas réellement me permettre de la juger de cette manière. Je ne la connaissais pas, mais elle était presque plus arrogante que moi, ce qui n'était pas facile à faire. Enfin... Cette soirée allait être longue si elle se comportait comme cela. Aurore me répondit, d'un air supérieur ce qui me fit esquisser un très grand sourire de fierté. Après tout, si elle sentait le besoin de se montrer supérieure c'est qu'elle se sentait quelque part en danger. Peut-être que personne n'osait lui tenir tête, et moi je m'en fichais totalement. Jamais personne ne me marcherait sur les pieds, jamais je ne me soumettrais et surtout, ma répartie serait toujours présente. Après tout mieux vaut être seule que mal accompagnée. Mais bon, je décidais de lui laisser une chance, la chance de cette soirée non pas de cinq minutes.

Je ne répondais pas à son attaque, l'ignorance est le meilleur des mépris, et je préférais donc continuer sur ma lancée. Je n'avais pas dis ces mots pour la provoquer, mais plutôt pour lui dire qu'on pouvait bien s'entendre ou non, et qu'il n'en tenait qu'à elle de le choisir. Mais apparemment, elle comprit cela de travers et préféra rétorquer à nouveau. Je l'écoutais donc, finir entièrement avant de lui répondre, je préférais commencer par une toute petite attaque, pour lui faire comprendre qu'on pourrait continuer toute la soirée, mais en terminant de manière plus douce pour lui donner mes réelles intentions.

« Eh ben ! Un verre de punch et on hoquette déjà ? »

Malgré que ce ne soit pas réellement gentil, je lui adressais un clin d’œil en guise de sympathie et je repris le cours de ma réponse.

« C'est dommage que tu ais besoin de suiveurs pour te défendre princesse, mais compte pas sur moi pour te considérer tel quel. T'es une ado et t'as rien de différent de nous. Enfin, pour terminer, je cherche pas à me battre avec toi non, j'aurais bien trop peur d'abîmer ta petite frimousse. Enfin, passons. Tu peux penser pouvoir me faire pleurer, mais tu sais pas à qui tu as à faire, et comme je t'ai dit, soit on continue à se prendre la tête toute la soirée, et un coup de poing va partir tout seul, soit on repart de bon pied, en essayant de se connaître autrement qu'en se considérant de cette manière. Car maintenant je passe pour la bagarreuse de première quant à toi tu es la peste en puissance. Alors on peut peut-être partir sur un autre point de vue, ou plutôt apprendre à se connaître réellement, non ? »

Je lui laissais vraiment une chance de reprendre tout à zéro et qu'on s'apprécie, mais si elle continuait sur cette voie, c'était certain que j'allais la remettre en place, et un bon coquard ne lui ferait pas de mal. Après je ne pouvais pas encore la détruire mentalement puisque je ne connaissais rien de sa vie, mais physiquement ce serait déjà suffisant. Espérons qu'elle agisse un peu en adulte, et prenne cette opportunité pour qu'on tente de bien s'entendre, parce que j'aimerai éviter les problèmes.