27 ans - 15 août 1965

Caleb est un beau jeune homme aux cheveux foncés et aux prunelles noisettes. Il fait très attention à son physique, c'est quelque chose qui compte énormément pour lui. Il prend soin de son apparence, et tous les jours il s'entraîne. Depuis plusieurs années qu'il suit un entraînement intensif, ses muscles se sont bien développés et maintenant il a des épaules carrées. Il est assez grand, et impose l'autorité par sa seule présence, ce qui est assez utile pour se faire respecter des élèves. Il n'aime pas laisser pousser trop ses cheveux, même si ça lui donne un air plus cool. Alors il les fait couper, jusqu'à garder une taille raisonnable. Caleb n'aime pas avoir la barbe non plus. Par contre il a un regard à couper le souffle, impossible de décrire tant de puissance, de profondeur et de magnétisme. Et bien sûr il en joue. Il privilégie les vêtements simples, même s'il a une préférence pour le vrai cuir et les habits classes. Il aime bien les lunettes de soleil aussi, mais seulement en été.

Caleb est quelqu'un de très agréable, toujours au service des autres qui adore aider, même sans aucune récompense. C'est un jeune homme fêtard et casse-cou, mais à certains moments il peut être très sage et raisonné. Quand il est de mauvais poil, c'est une véritable boule de nerfs, pas forcément contrôlable mais pas forcément violente non plus. Il dit toujours ce qu'il pense et sa sincérité lui vaut parfois des ennuis. Il est assez maniaque, c'est-à-dire qu'il n'aime pas vraiment quand on salit les couloirs, ce genre de choses. Il prend beaucoup de temps à faire ce qu'il aime, mais aussi à travailler. Cela lui tient à cœur, il veut au moins rendre la vie facile aux orphelins alors que Moor leur court après. Il n'aime pas parler de son passé et évite tous les sujets de discussion qui peuvent blesser une personne car il est du genre perspicace et cerne rapidement son interlocuteur, même s'il ne le connaît pas trop. Il sait déchiffrer le langage corporel, les signes de stress ou de nervosité. Lorsqu'il est de mauvaise humeur, le stade d’agressivité qu'il montre peut varier. Il peut tant être très violent que seulement bouillonnant sur place, mais dans tous les cas il n'aime pas être désagréable avec son entourage. En bref, c'est un gars sympathique, un peu rêveur et idéaliste sur les bords, qui aime l'aventure et rêve de changer sa routine. Il sait également se montrer fleur bleu et galant, particularité en voie de disparition chez les mâles actuels.

Les frères et sœurs de Caleb, on pouvait les compter sur les doigts de la main. Mais ça n'était pas pour autant qu'ils n'étaient pas envahissants ou qu'ils ne mangeaient pas comme quatre. C'était au contraire l'une des choses que le garçon détestait chez eux, étant enfant. Ils ne donnaient jamais la parole au petit dernier, ne laissaient jamais de frites pour lui quand on faisait une deuxième tournée. On ne lui faisait jamais goûter le champagne aux grandes fêtes et on lui disait toujours d'aller se coucher tôt alors que ses frères et sœurs allaient regarder une vieille cassette en noir et blanc dans le salon. La vie n'avait jamais été facile pour le benjamin de la famille Lancaster, qui devait dormir sur le lit du bas alors qu'il rêvait celui du haut, et auquel au assignait toutes sortes de corvées dont on ne voulait pas.

Il était aimé, certes. Il était d'ailleurs le petit chouchou des parents Lancaster. Mais ces parents n'étaient que rarement présents, ils travaillaient. Et, pour s'occuper de leurs cinq enfants, ils avaient engagés une nourrice. Et cette nourrice n'aimait pas vraiment les enfants. Pourquoi avait-elle choisi cette profession ? Personne ne le saura vraiment jamais. Quoi qu'il en soit, elle détestait Caleb plus que tout. Elle traitait de larve puante, ou de parasite baveux. Il n'était qu'un microbe, ou encore moins, pour elle. Et cela eut des répercussions phénoménales sur la psychologie de l'enfant grandissant. Il n'avait pas confiance en lui, ni en personne d'ailleurs. Il ne se sentait pas à sa place chez les Lancaster, c'était une famille étrangère pour lui. Il était toujours mal à l'aise au moment des repas, ne parlait à personne, ne riait jamais. Un gamin très renfermé, un peu trop solitaire et mis à l'écart pour son âge.

Et il vécut ainsi durant quinze ans, maltraité par ses frères et sœurs et souffrant de troubles psychologiques. Parfois, c'était assez dur, d'autres fois, il remontait facilement la pente, mais la vie n'avait jamais été facile pour ce petit bout de jeune homme peu gâté. Il ne rêvait que du jour où la liberté serait enfin là, et où il partirait, loin devant, pour toujours. Sans retour en arrière. Ses frères et sœurs, un à un, quittèrent la maison, recevant diplômes et éloges. Caleb, lui, attendait toujours son heure. Cela mettait du temps à arriver, il vécut beaucoup d'événements à la maison, et il devint aussi oncle, deux fois. Il n'aimait pas vraiment s'occuper de ses neveux, mais il le faisait quand même, de mauvaise grâce et surtout parce qu'on le lui demandait.

C'était un élève moyen, qui allait passer son bac sans réelle difficulté. Mais ce jour-là, rien ne se passa comme prévu. Ce jour-là, le réveil oublia de sonner. Et ce jour-là, il n'arriva pas aux examens. Après toutes les réussites de ses aînés, ce fut un échec total. Ses parents lui répétèrent jour et nuit qu'il était une tare, un monstre, et qu'il allait les tuer un jour ou l'autre. Ils disaient aussi qu'ils n'avait pas d'avenir et qu'ils allaient le fiche à la porte ou lui couper les vivres s'il continuait ainsi. Mais Caleb refusa de redoubler son année. Son premier acte de rébellion fut ce refus. Et tout partit de là.

Effectivement, on le mit à la porte. Bien vite, il trouva refuge chez un bon ami. Tous les jours, il allait boire une bière dans le bar d'en face, et rapidement il devint un habitué. On lui servait toujours la même chose, l'après-midi à 15 heures. La serveuse aussi commençait à le connaître, et bientôt elle s'asseyait à ses côtés pour discuter avec lui. Elle s'appelait Allison. Et bien vite ils tombèrent amoureux. Grâce à elle, Caleb retrouva confiance en lui et peu après, il cherchait un boulot dans la ville de Sydney. Il osa ensuite faire le premier pas avec Allison et sortit avec elle durant un an, sans pour autant trouver de job à portée de main. Et vint la demande en mariage. Sauf que... sauf qu'Allison n'était pas prête et qu'elle refusa. Détruit, Caleb se retira chez son ami, enfermé dans la chambre d'amis, ne mangeant que ce qu'on lui apportait.

Il ne revit plus jamais Allison. Il n'osait plus l'appeler, ni envisager de la revoir. Il supprima son numéro de ses contacts, ses photos aussi. Il ne l'oubliais pas, mais l'écartait loin de sa vie, de lui. Il préférait contourner le gros trou en lui au lieu de le boucher. Et petit à petit, son visage s'effaça de sa mémoire, il retrouva une vie normale. Il trouva un boulot en tant que secrétaire dans un centre de loisirs. Ça n'était pas un métier qui lui seyait vraiment, mais il avait voulu prendre son indépendance, louer un appart, et ça avait été la seule chose qui s'était présentée à lui.

Il vécut donc seul durant cinq ans. Et il y a deux ans, il est arrivé à l'orphelinat Moor. Il en avait entendu parler et était curieux de le voir enfin. On lui en avait parlé, il connaissait sa bonne réputation, mais il voulait le voir de ses propres yeux, de plus près. Au lieu de trouver un job au village, il décida de postuler pour le poste de concierge, car l'ancien venait de prendre sa retraite. On l'accepta. Et ainsi recommença une nouvelle vie.