Je regarde Queen qui déambule dans mon appartement et je me dit que j'ai vraiment bien fait de cacher toutes les photos, plus aucune trace de mon fichu passé, aucune trace de moi non plus, mon apart est impersonnel et froid. La décoration laisse à désirer mais c'est un peu le dernier de mes soucis en ce moment, et puis les murs sont déjà tellement triste que de la déco ferait étrange sur eux, moche surtout. Je garde un œil distrait sur la fillette, observant ses mouvements et ses réactions, elle semble surprise d'être ici et j'avoue que je me demande ce qui m'a prit.

Je la regarde cette gamine, tout le monde la trouve invivable, moi ça vas, enfin même plus que ça, je la trouve mignonne cette enfant, elle est sage en classe et je voit derrière sa carapace, c'est simplement une gamine blessé par la vie, qui doit faire face et qui veut luter dignement. Une gamine qui a compris à quels points sa vie est injuste, tôt, bien trop tôt, encore plutôt que moi ? Une gamine que je met en dangers en l'invitant ici.

Elle revient vers moi, qui suis en train de me battre avec mes plaques pour arriver à lui cuisiner quelque chose de mangeable mais de toute façons tous seras mieux que cette nourriture infâme qu'est celle de l'orphelinat, j'ai dût manger là bas une fois et je ne répéterais pas l’expérience même sous la contrainte, même si on me payait, je préférais jeûner. Penser que les enfants mangent ça tout les jours, ça me fait mal, énormément. Je sourit face à la question, son air innocent ne me trompe pas.

Je me retourne, sourire aux lèvres, pour une fois mon sourire est sincère, pas faux comme ceux que je fait à longueur de temps. Je ne sait cependant pas quoi répondre, je réfléchit, et finit par répondre d'une voix calme et posé :
- « Et bien j’avais envie de te parler en dehors du contexte des cours et je me suis dit que tu apprécierait un bon repas. »
Je regarde mon sourire, une autre raison mais je ne l’avouerais jamais, c'est que j'ai envie, besoin surtout de m'habituer aux enfants car bientôt j'en aurait un à moi.

Je regarde Queen qui tourne un peu partout dans ma cuisine, elle semble bien curieuse et je la comprend, elle est dans un lieu où elle n'est pas censé être, ça doit être très intéressante pour elle et je serait sûrement comme elle dans son cas, vouloir tout voir pour connaître un peu mieux ma prof. Les odeurs de cuisson monte à mon nez, me faisant pas grimacer pour une fois, il m'arrive souvent de vomir en ce moment à cause de certaine odeur, les joies de la grossesse, je donnerait tout pour ne pas donner ce spectacle à la jeune orpheline, ça serait bien trop gênant, nan je vais bien, je sent que ce soir rien de fâcheux ne vas se passer, de mon côté en tout cas.

J'entends à peine le murmure de la petite fille mais j'esquisse un sourire face à son remerciement. Je m'empresse de finir de cuisiner, je commence à avoir faim et je me doute qu'elle aussi, la nourriture de l'orphelinat est plus que mauvaise et je refuse tout net d'y manger, maintenant encore plus. Je regarde cette gamine, l'envie de lui caresser la joue me prend. Je me contente d'un sourire amicale, elle est mignonne cette petite, adorable même à mes yeux, je ne comprend pas les conversations entendus en salle des profs, pour moi il faut juste la comprendre, essayer de l'écouter. Je soupire et éteint le feu. Je me retourne, elle me fixe toujours, elle semble intrigué.

Sa question m'arrache de nouveau un sourire. Je pose la poêle sur la table et pose mes deux mains sur le comptoir, je la fixe, me mordille la lèvre, je ne sait pas vraiment lui expliquer, pourquoi je suis comme ça avec elle, je n'ai jamais vraiment chercher une raison, je ne la voyait pas comme une gamine insupportable malgré ce qu'elle pouvait faire en plein cour, je ne savait jamais vraiment comment ça allait ce passer et il m'arrivait quelque fois de m’énerver un peu mais je ne lui en tenait rarement rigueur, elle était une gamine en colère plus qu'autre chose. Je la regardais donc et souriait :
- « Je n'en sais rien à vrai dire, tu me rappelle une petite fille ! »

Je soupire et commence à servir les deux assiettes, je l'invite d'un geste à prendre place autour de la table, je fait de même et commence à manger sans attendre, je me doute qu'elle est affamé alors je ne vais pas la laisser devant une assiette pleine. Je n'ai pas vraiment faim en réalité mais je me force, pensant à cet enfant qui grandit en moi et puis à mes pertes de conscience répété, j'enfourne machinalement la nourriture, se nourrir pour survivre, c'est tout. Je la regarde, elle mange à toute vitesse elle aussi, à mon tour de lui poser une question :
- « Et toi ? Pourquoi avoir accepter mon invitation ? »
Je prend une nouvelle fourchette et lui sourit malgré la douleur qui me prend brusquement le ventre.