Je tourne en rond dans la salle des profs comme un lion en cage, je suis en pause, mes cours reprenne dans une heure et il faut que je prépare mon cour pour les jaunes, je suis dans l'urgence, à la bourre mais j'ai l'habitude, je m'en sort toujours mieux dans ce conditions, je ne pourrait pas vous dire pourquoi, l'adrénaline sûrement, repousser mes limites, être contrainte de faire ça. Voilà donc pourquoi je suis là, seule, à croire que la plupart des gens fuit cette pièce, je les comprend, pourquoi s'éterniser à l'orphelinat si on peut le quitter ?

Je retourne vers ma table, attrape avec empressement la feuille encore vierge, je crée un courant d'air qui fait voler les autres feuille, j'essaye de les rattraper, je ne réussit qu'a me couper, il n'y a que moi pour faire ça, se couper avec une feuille. Mon regard se pose sur mon doigt qui me lance un peu, une broutille par rapport à la douleur que je ressent parfois à mon épaule. Cependant même si l'entaille est ridicule la quantité de sang qui coule, elle, ne l'est pas, on dirait que j'ai touché une artère, vu comme je suis doué c'est totalement possible.

Le sang coule donc sans discontinuer, et une flaque de sang commence à se former. Je plonge mon regard dans le liquide rouge, mauvaise idée, j’entends une voix connue, celle d'Alex, il m'appelle, je tourne la tête et me voilà dans la voiture, il me dévore du regard, ne fessant pas attention à la route. L'autre voiture arrive et me voilà de nouveau en train de hurler, je ne sait pas si je le fait en vrai ou pas mais en tout cas mon esprit s'emplit d'un cris déchirant limite animal, inhumain en tout cas. Je tombe, revoit le sang, le corps d'Alexeï, c'est cette vision surtout qui ne me quitte plus, Alex effondré sur le volant sans vie.

Je ferme les yeux, les rouvres, je ne suis plus dans la voiture mais dans une salle ordinaire avec des tables et des chaises, je manque de tomber, je me raccroche comme je peut mais mon corps tremble, je suis prise de convulsion, je ne peut me contrôler. Ma respiration est instable, je ne peut presque plus inspirer, comme si je fessait une crise d’asthme mais ce n'est pas ça, c'est pire une chose que je croyais oublié à jamais, une crise d'angoisse. A cet instant précis mon corps ne m’appartient plus, mon esprit est encore là mais c'est comme si je regardais la scène d'un autre point de vu.

C'est donc totalement impuissante que je voit tout mon corps se raidir, comme pétrifié, seule mes yeux semblent fonctionner, ils déversent des torrents de larmes qui vont se mêler au sang. Je tombe d'un coup sur le sol, comme une grosse masse. Mon corp « reprend vie », il est de nouveau parcourut de tremblement, de convulsion puis de frisson. Ma respiration est de plus en plus peinante et je ne peut toujours rien faire, je n'ai jamais fait ce genre de crise seul et personne ici ne sait que j'en fait, je me voit déjà en train d'y passer, à moins que quelqu'un vienne me sauver.

Les yeux plongés dans ses copies, Timothy parcourait les couloirs qui séparaient sa salle de cours de la salle des professeurs. Il avait beaucoup de copies a corriger, mais heureusement son emploi du temps indiquait deux heures avait de prendre les rubans verts -aah les verts, les plus agités, surtout a l'approche des beau jours, certains en devenaient intenables.
Encore un tournant, et la porte de la salle des professeurs lui faisait face. Il sourit, posa sa main sur la poignée et commença a l'abaisser, quand il des bruits, venant de l'interieur. Son sourire fondit presque immédiatement. C'était des bruits d'étouffements. Il ouvrit la salle a la volée, et posa rapidement ses copies sur la table la plus proche.
Il s'avança lentement, sans penser a fermer la porte, vers le bruit. Une crise d'angoisse. Comme celles que faisaient Alice, et comme celles qui l'éveillaient les nuits de la première année sans elle.
Au fond de la salle, au milieu de copies étalées par terre et d'une petite flaque de sang gisait une jeune femme, dont le nom échappait a Timothy. Elle était professeure de mathématiques, lui semblait-il.
Il s'agenouilla doucement à côté d'elle, et dit d'une voix douce, en posant sa main sur l'épaule de la jeune femme. Il décida de la tutoyer, elle serait peut être plus à l'aise.

"Calme toi. Je suis la."

C'était une crise plutôt impressionnante, il se félicita interieurement d'avoir emporté une bouteille d'eau, et de garder les sucres des nombreux cafés qu'il avait consommé. Timothy tenta de relever sa collègue, il l'assit contre le mur, et se mit face a elle, ses mains sur ses épaules. La jeune femme avait ses grands yeux écarquillés et respirait -si on ose dire- la peur.
Timothy prit sa voix la plus calme et apaisante et ouvrit la bouche.

"Chhht. Du calme. L'idéal serait que tu te couches sur le sol, et que tu étendes tes jambes contre le mur. Tu auras peut être l'air ridicule un moment, mais ça marche je te promets."

Il lui sourit, d'un sourire rassurant. La jeune femme semblait un peu moins sur la défensive, et il l'aida a s'installer dos au sol, jambes contre le mur. Il reprit sa voix calme.

"C'est bien. Maintenant il faut que tu essaie de respirer calmement. Inspire par le nez, expire par la bouche. Lentement. Inspire. Expire. Inspire. Expire. "

Je me sens mal, j'ai l'impression que la vie vas me quitter, je ne vois plus rien, seulement des taches floue, immobiles, je ne perçois que des petits bruits, je sais que je ne mourais pas, j'ai déjà fait ce genre de crise mais il y a avait toujours quelqu'un. J'entends brusquement du bruit, je vois des taches se mouvez et se rapprocher. Je n'ai même pas la force de me tapir pour e protéger, je ne suis pas maître de mes mouvements. Je distingue une silhouette, celle ci vient s'accroupir au près de moi, j'entends une voix rassurante me murmurer de me calmer, une main vient se poser sur mon épaule, celle ci tressaille nerveusement.

On m'assoit contre le mur, je me laisse faire comme une vulgaire poupée de chiffon, je n'ai aucune force pas même celle de remercier celui qui me fait face, je ne parviens d’ailleurs même pas à le reconnaître, je me sens encore plus nulle. Le visage qui me fait face se met à clignoter, remplacer momentanément par celui ensanglanté d'Alexeï, je gémis et ferme les yeux, cherchant au fond de moi même une manière de ma calmer, de retrouver ma respiration, d'effacer ces images, en vain.

La voix se fait de nouveau entendre, rassurante, elle me suggère de me caler le dos par terre et les jambes contre le mur, il émet le fait que je risque d'être ridicule, de toute façon au point où j'en suis. J'essaye de m'exécuter, il m'aide et je distingue un sourire sur son visage. Une fois que je suis à peu près calée il me conseille de me concentrer sur ma respiration, je m’exécute, calant ma respiration sur sa voix. Je fais ça pendant un moment qui semble durer une éternité mais en tout cas c'est efficace.

Ma respiration est de nouveau normale, je me remets alors dans une position plus naturelle et plus confortable surtout. Je regarde celui qui me fait face, son visage m'est familier, mettre un nom dessus en revanche me semble impossible. Je lui souris, histoire de montrer que je vais mieux. Ma respiration est encore saccadée mais je sais que je suis maintenant hors de danger. Je prends une grande inspiration avant de lui dire :
- « Merci beaucoup, j'ai vraiment crus que j’allai y passer, je n'ai plus l'habitude de ces crises. Merci ! »

J’essaye de me relever tant bien que mal mais je manque de tomber car je tremble encore. Je me résous et m’accroupis sur le sol, en boule comme pour me protéger. Je fixe mon regard sur le professeur, essayant en vain de trouver la matière qu'il enseigne, finalement je me résigne et lui demande :
- « Je suis dessolé, je n'arrive pas à mettre un nom sur votre visage, ni même une matière, qui êtes vous ? »

Voir la jeune femme se relever rassura Timothy. Il poussa un discret soupir de soulagement.

"Ca va mieux, vraiment ?"Il decida de reprendre le vouvoiement conventionnel. Il sourit d'un air gêné. "J'avoue que je commençais a vraiment avoir peur pour vous."

Quand il l'entendit le remercier plusieurs fois il sourit d'un air attendrit. Elle lui faisait un peu penser a Alice. Son Alice. Elle aussi avait pour habitude de dire merci 30 fois, même quand il n'y avait pas de quoi.

"Ne me remerciez pas, c'est normal !"

Elle eut du mal a se relever, ainsi il lui proposa un bras protecteur sur lequel s'appuyer, et l'emmena près d'une chaise pour qu'elle s'assoie.

"Ce n'est pas grave."Il lui sourit doucement. "Je m'appelle Timothy Marshall, et j'enseigne l'histoire. Excusez moi, je reviens."

Il alla ramasser ses copies éparpillées par terre et se rassit en face d'elle avec un sourire.

L'homme qui me fait face me demande si je suis sure que je vais bien, je ne sait que répondre, bien je ne pense pas qu'on puisse dire ça, je ne vais pas mal non plus, disons que je suis dans un entre deux et qu'il faut peu de chose pour me faire basculer de l'un à l'autre. Je me contente donc de regarder mon collègue sans rien dire, attendant qu'il dise autre chose. Il m'avoue qu'il a eu peur pour moi, j'aimerais lui dire que moi aussi mais que au fond si j'étais morte je n'aurait pas franchement été déçue, j'aurais retrouvé Alexeï.

Je soupire me tient les cheveux, allons Pen reprend toi. Il me dit que c'est normal mais je fait nan de la tête, beaucoup de gens aurait paniqué me laissant mourir. Il m'aide à me relever et vas me poser sur une chaise, je me laisse faire un peu inconsciente encore, j'ai la tête qui tourne et les carreaux bougent de façon bien étrange. Je me sent mal, à croire que je vais tomber de nouveau bientôt. J'essaye donc de me raccrocher à quelque chose, ses paroles en l’occurrence, il se présente me dit qu'il est prof d'histoire.

Je le regarde s'agiter puis il revient vers moi me souriant. Je le regarde j'ai tellement honte, je finit par faire d'une petite voix :
- « Moi je suis Spencer Filds, la prof de math. »
Je fouille dans mon sac évitant ainsi de croiser son regard, je trouve ce que je veut, un morceau de sucre, je le déballe avant de le fourrer dans ma bouche, je le fait criser entre mes dents, ça me fait grimacer.

Je finit par secouer la tête :
- « Je suis vraiment dessolé, je ne pensait pas que je réagirait ainsi face à trois pauvre gouttes de sang, ça doit être à cause de l'acci... »
je ne finit pas ma phrase consciente de ce que j'allais dévoilé, je fait volte face, cachant comme je peut les larmes qui essayent de s'infiltrer. Je passe mes mains sur mes joues avant de reprendre :
- « En tout cas merci, sans vous... »
Je ne finit pas, ce n'est pas nécessaire, il comprend certainement ce qui ce serait passé.

Il la vit grimacer a cause du sucre en poudre. Il lui tendit une bouteille d'eau avec un sourire doux.

"J'ai fait ce genre de crises pendant un moment, et mon... Ex femme aussi. Je n'ai aucun mérite.

Il fit une pile avec ses copies et les rangea dans une pochette dont la couleur correspondait au groupe qui avait fait le devoir. Quand elle laissa échapper le mot accident, elle rougit, ce qui fit Timothy froncer les sourcils. Sa voix était hésitante, et toujours calme quand ces mots franchirent ses lèvres.

"Vous... Voulez en parler ?"

Il ne savait pas si c'était une bonne idée de proposer une épaule a cette jeune femme qu'il ne connaissait que depuis quelques minutes, mais elle l'attendrissait tellement, et lui faisait penser a son Alice, que ces mots lui avaient échappés.

Je me relève doucement, mon collègue me sourit et me dit qu'il n'a aucun mérite, qu'il à fait ce genre de crise avant comme son ex-femme. Je me mordille la lèvre, espérant ne pas lui avoir fait penser à des mauvais souvenir. Je soupire et plonge mon visage dans mes mains, je me sent mal à l'aise, je n'ai qu'une envie partir. Il me tend une bouteille d'eau, je boit quelques gorgés fessant glisser les grains de sucres dans ma gorge. Je déglutit, pour une fois ce n'est pas mes médicaments qui me font du bien mais de pauvres grains innocents, à croire que mon corps s'habitue à calmer mes douleurs à la moindre substance étrangère.

Il me demande si je veut en parler, je pense qu'il parle du mot qui m'a échappé, accident. Je me mord la lèvre, nerveuse. Je le regarde :
- « Parler de cette crise ? Oh c'est gentil mais je ne pense pas que ça feras grand chose. »
Je soupire, oui je détourne la conversation car personne ne sait ou presque, je parle jamais de l'accident, pas depuis longtemps en tout cas, la seule personne qui sait c'est Tobias et Nate, aussi, en partie seulement. En parler, on me l'a conseillé mais c'est déjà si douloureux d'y penser, j'ai peur de m'effondrer au moindre mot qui franchirait mes lèvres

Je me met à tourner en rond dans la pièce, bras croisé, comme pour me protéger, de quoi ? De la vérité, je tremble. Je le regarde de nouveau en souriant et finit par me rapprocher de lui :
- « Merci encore, pour tout, pour être prêt à m'écouter, pour ne pas avoir paniqué, vraiment merci ! »
Je luis sourit et repensant à ce qu'il m'a proposé je me pose sur une chaise et m'assoit, une larme vient couler sur ma joue et je la voit tomber sur la table, s'y exploser. Je me mord la lèvre, me sentant si impuissante face à tout ce qui se passait, je me détestait de perdre ainsi tout contrôle de moi même surtout devant des témoins.

Il sourit. Elle veut éviter la question. Et pour cela, elle préfère faire semblant d'être naïve. Il baissa les yeux, en gardant son sourire. Un accident, hein. Il pouvait comprendre la douleur qu'elle éprouvait, il avait éprouvé la même, il y avait longtemps maintenat. Il soupira discrètement.

Quand elle se leva il tendit son bras dans un geste de protection involontaire. Elle semblait si fragile, et si tendue. Elle sourit en se rapprochant, le remerciant pour la troisième fois au moins. Il sourit encore et s'appreta a lui dire que le remercier était inutile, qu'il avait simplement suivit son instinct, mais la larme qui s'écrasa sur la table stoppa immédiatement son esquisse de sourire. Il la fixa avec compassion. Il lui dit d'une voix douce :

"Mrs Filds, vous voulez sortir ? Je... Peux vous accompagner, faire un tour pour vous calmez, j'aimerais être utile."

Il lui tendit un autre mouchoir, sans chercher a faire de manières. Les larmes qui s'échappent toutes seules après un tragique accident, il ne les connaissait que trop bien.

Il me sourit d'un air des plus sympathique, je me sent pour ma part tellement pitoyable, j'aimerais pouvoir reculer le temps, lui faire oublier ce qu'il a vu, oublier moi même d'ailleurs, oublier à quel point je me laisse aller à mes sentiments et comment je me suis évanouie à la vue de trois pauvres petites gouttes de sang, rien qu'a cette pensé elle pâlît doucement, de façon presque invisible mais elle le sent et ça lui fait mal, elle se sent impuissante et ça lui fait peur.

Il tend doucement ses bras quand je me lève, comme si il a peur que je m'affale par terre, à vraie dire il n'a pas tord, je me sent pas très assuré dans mes mouvements. Je m'assoit donc et c'est là que cette fichue larme décide de s’exposer sur la table, je m'en veut encore plus, il faudrait qu'un jour j'arrive à me contrôler, ne m'autoriser a penser à l'accident que loin de tout autre personne, loin des yeux interrogateur de mon entourage.

Il me tend un mouchoir et me demande si je veut sortir, aller faire un tour, me changer les idées. J'attrape le mouchoir et essuie les larmes qui commencent à se précipiter de plus belle sur mes joues, découvrant bien plus que mes cernes, mais mon visage coloré d'un splendide dégradé de bleus avec une pointe de noir et quelques traces de jaunes, je n'y songe pas, mon aspect physique n'est plus trop ma préoccupation en ce moment.

Je lui sourit, je m’apprête à refuser gentiment mais me ravisse, il a peut être raison, me promener peut me faire du bien, avec un peu de chance. Je balbutie aussi clairement que je le peut :
- « Pourquoi pas, mais je ne veut pas vous faire perdre votre temps. »
Je lui sourit, le remerciant silencieusement.