Maelys&Bryan - Truth is harder than lie.

Il était 15h 00. Les quelques heures d'études hebdomadaires venaient de s'achever, et j'étais quelque part soulagé de pouvoir rejoindre les extérieurs, pour pouvoir m'isoler jusqu'à temps que la soirée arrive.

Il faisait particulièrement beau aujourd'hui, et tout le monde se ruait dehors pour en profiter. Mais l'idée d'être encore confronté à tant de monde me rendais anxieux. Avant d'avoir même fait deux pas à l'extérieur de l'orphelinat, je commença à rebrousser chemin, entendant derrière moi s'éloigner les rires et les cris provenant de la cour. Mais manque de chance, une femme chargée de surveiller les temps libres s'interposa entre le hall et moi-même, en me disant d'aller faire un tour dehors. Sans trop de conviction je lui répondais que j'en revenais, mais mon argument peu convaincant ne fis pas le poids contre son caractère plutôt trempé.

C'est donc de force que je me retrouva dehors, au beau milieu des cris, des rires et des pleurs, autrement dit, là où plus que jamais je ne me sentirais pas à ma place. J'évitais alors les coins trop peuplés et passais devant une sorte de vieille balancelle, là où deux jumelles y grimpaient et y chahutaient. Je jetais alors un rapide coup d’œil par simple curiosité, avant d'aller me poser derrière un arbre à quelques mètres de la balancelle en question. Une fois assis, je laissa ma tête reposer contre le vieil arbre et je lâcha un soupir de soulagement. J'étais soulagé d'avoir réussi à éviter le pire : les persécutions d'un groupe de garçons de mon âge. Je restais de brèves secondes fixer le tapis de branches qui se tenait face à moi puis me décidais à sortir de ma rêverie en attrapant mon carnet, caché dans la poche intérieure de ma veste.

Je m'assurais d'abord que personne ne pouvais me voir, ni moi, ni ce que je pouvais écrire. En ayant vérifier à droite, puis à gauche, j'en concluais que j'étais bel et bien seul, hormis les deux jumelles que j'entendaient rire à quelques mètres. Je tenais pas à ce qu'on puisse me chopper en train d'écrire, ou bien qu'on découvre les caricatures de Mrs Moor ou les gribouillis qui exprimaient parfois mes états d'esprits. J'ouvrais alors mon carnet, puis je fouillais mes poches pour en sortir un stylo. Et je commençais à écrire..

« Encore une journée sans intérêt. Plus les jours passent, plus
j'ai l'impression que ma vie n'as aucun sens.. J'ai l'impression
de ne pas vivre, de stagner. Mais je ne peux pas faire autrement.
De toute façon, quoique je fasse, tout fini toujours par tourner
au désastre. »

Je relisais les lignes que je venais d'écrire, puis je soupirais et finissait par arracher la page et je chiffonner cette dernière. La laissant ainsi giser à mes côtés et venais encrer ma nouvelle page vierge de trois mots, et un mensonge.

« Tout va bien. »

Et j'espérais en vain que c'est ce qu'il allais en devenir, un jour..

Les moments de la journée que Maelys préférait, c'était lorsqu'elle pouvait faire ce qu'elle voulait, dans la limite du possible. Soit la récréation ou lorsqu'elle avait le champ libre. Elle entraînait sa sœur dans les jardins et, non complexées par leur différence d'âge avec les autres enfants qui s'amusaient, se mettaient à jouer comme des gamines.

Même si Alice était plus réservée et aimait moins papillonner en public, elle suivit sa sœur en courant, docile. Mae avait toujours été la plus excitée des deux jumelles, ce n'était un secret pour personne. Elle n'était pas rêveuse comme ça sœur, mais était plus charismatique et les gens fondaient souvent devant sa bouille d'ange. Elle emballait rapidement les gens, et ce sans scrupules.

Maelys arriva la première à la vieille balancelle vers laquelle elle aimait bien se diriger – parce que c'était l'endroit le plus tranquille de la cour, étrangement –, qui était inoccupée. Au lieu de s'y installer correctement, elle s’agrippa à une des barres de fer et se hissa comme si elle eut fait ça toute sa vie. Mais ses petits bras étaient encore frêles, et lorsqu'Alice accourut auprès d'elle, tordue de rire, celui-ci se propagea jusqu'à sa sœur, lui faisant lâcher prise. Elles reprirent leur souffle, puis la deuxième fillette piaula de sa voix fluette :

« Tu aurais pu m'attendre ! Allez, grimpe là et moi là-bas ! »

Aussitôt dit, aussitôt fait. Alice entama son escalade dangereux, aussitôt imitée par sa sœur. Elles gloussèrent, puis lâchèrent la barre qui leur entailla les mains. Deux gouttes de sang y perlèrent, mais elles ignorèrent la douleur. Elles continuèrent leur petit jeu jusqu'à ce que je regard de Maelys tombe sur un adolescent qui griffonnait dans un carnet, assis derrière un arbre. Il était seul. La fillette se désola qu'il n'ait pas d'amis, puis l'oublia et retourna jouer, son esprit d'enfant reprenant le dessus.

Cependant, elle ne pouvait s'empêcher de jeter de furtifs coups d’œil vers le garçon. Il l'intriguait. Sa curiosité piquée, elle voulut s'approcher pour savoir ce qu'il faisait, mais sa jumelle protesta, et, à force de cris et de gestes énervés, Alice parvint à la faire revenir auprès d'elle. Mais Mae n'était plus enthousiaste, et sa sœur le remarqua. Elle croisa les bras, la mine boudeuse, et observa avec découragement Maelys se glisser sur le côté, en direction du garçon. Alice soupira et fit demi-tour pour aller jouer ailleurs, pendant que Maelys « sociabilisait ».

« Qu'est-ce que tu écris ? » demanda cette dernière en s'accroupissant près de lui, comme si c'était tout à fait normal.

Elle espéra qu'elle ne l'avait pas trop pris par surprise, et qu'il voudrait bien lui faire part de ce qu'il écrivait dans son carnet. Il avait apparemment déjà déchiré une page, mais Maelys n'osait pas s'en saisir, de peur de se faire réprimander. Elle était déjà assez indésirable comme ça.

S'il y avais bien un coin peu fréquenté par les orphelins, ce fut bien là où je me trouvais. Derrière la balancelle. Allez savoir pourquoi, cette balancelle les effrayaient. Toutes sortes d'histoires effrayantes et de rumeurs sans queue ni têtes couraient sur cette dernière. Mais j'étais plutôt du genre à ne croire que ce que je voyais. Alors toutes ces histoires me passaient par dessus la tête.

Alors que j'avais abandonnée mon premier jet, j'avais griffonné trois mots; vides de tout sens, si on les replaçaient dans leur contexte initial. Un carnet plein à craquer de conneries en tout genre, comme par exemple de grossiers dessins caricaturant le personnel de l'orphelinat. Alors le "tout va bien" griffonné en milieu de page pouvait pousser à se poser quelques questions concernant mon état psychologique.

Et sans m'en rendre compte, j'avais baissé ma garde, et une jeune fille venait de se glisser à mes côtés. Alors d'un mouvement vif, et comme pris d'une soudaine panique, je sursauta. Posant par la suite mon regard sur la fillette qui venais de m'adresser la parole, en me demandant ce que j'écrivais.

Un peu gêné, je refermais mon carnet d'où des bouts de brouillons caricaturant Mrs Moor pendaient de parts et d'autres. Je regardais la fillette, c'était l'une des deux jumelles qui chahutaient l'instant d'avant sur la vieille balancelle.

« Je.... euh.. j'écris pas.. »

Mais qu'est ce que je faisais ? Quelqu'un venait me parler, et moi, comme un abruti fini, j'achevais toute forme de discussion par mon manque d'assurance qui revenais chaque fois au galop, dès lors qu'on essayait de me parler. Certes, j'étais un peu décontenancé par la beauté de la jeune fille. Ok, elle était jeune, mais elle restait jolie, et j'étais un garçon, cela dit.

Je devais trouver quelque chose à dire pour me justifier. Elle m'avais vu écrire. Elle allais surement se sentir gênée si je ne lui montrais pas mes textes. Mais je pouvais pas lui montrer mes textes.. elle allait avoir peur de moi, où me prendre pour un débile profond, au choix. J'attrapais un bout de feuille qui sortais de mon carnet, avant d'y jeter un coup d’œil. Il s'agissait de la terrible Mrs Moor, j'y jetais un oeil, avant de le tendre à la fillette, lui laissant alors la vue libre sur Mrs Mrs Moor, qui finalement ressemblais plus à un Gollum qu'autre chose.

« Je dessinais.. »

Puis je remarqua deux gouttes de sang perler de la main de la jeune fille, là où une entaille semblait s'être fraîchement ouverte. J'osais alors affronter son regard, puis j'allais fouiller mes poches pour lui tendre un mouchoir.

« Eh, tu saignes.. »

C'était bien ce qu'elle pensait : le garçon ne l'avait pas entendue arriver. Il faut dire qu'elle pouvait être très discrète quand elle le voulait. Et son sursaut trahissait sa surprise. Il referma rapidement son carnet d'où s'échappaient quelques feuilles crayonnées. Maelys eut un petit sourire amusé, sans pour autant moqueur.

L'adolescent semblait décontenancé, mais la fillette ne lui en voulait pas, après tout. Elle adopta un air rassurant et éclata de rire lorsqu'il lui assura qu'il n'écrivait pas. Son calepin était peut-être confidentiel, ou alors il cachait quelque chose. Elle l'avait pris comme une plaisanterie, même si la tête du garçon ne prêtait pas à rire. Il était surtout stupéfait.

Devant son air interrogateur, il sortit une des feuilles de son carnet. Maelys reconnut aussitôt l'affreuse directrice de l'orphelinat, mais aux traits grossiers. Elle éclata de nouveau de rire ; il lui en fallait peu pour être hilare. C'était vrai qu'on reconnaissait bien Mrs Moor, même caricaturée.

« Tu en fais d'autres comme ça ? » demanda-t-elle, curieuse.

Elle s'assit, les jambes croisées, près de l'adolescent qu'elle trouvait plutôt sympathique, surtout depuis qu'il lui avait montré ce fameux dessin. Elle fut étonnée elle-même qu'il lui propose son mouchoir après lui avoir fait remarqué qu'elle saignait à la main.

« C'est rien, mais merci quand même. » déclara-t-elle en prenant le mouchoir.

Elle essuya rapidement le sang, de sorte que le mouchoir ne soit pas sali, et le rendit au jeune homme dans un sourire. Pour une raison qu'elle ignorait, elle était en admiration devant lui. Il la fascinait.

« Comment est-ce que tu t'appelles ? Moi c'est Maelys ! » fit-elle, guillerette.

Elle souriait. Son visage s'éclaira, elle était rayonnante, comme d'habitude en fait. Elle dégagea son visage de ses mèches rebelles, et attendit la réponse avec impatience. Même si leur discussion aurait une fin, elle voulait en profiter.

L'effet attendu ne fut pas celui obtenu. Et c'était tant mieux. Je m'étais attendu à toutes sortes de réactions face à ma contestation à propos de ce que je faisais avant qu'elle n'arrive. Mais à la place, elle éclata de rire. Ce qui me surpris un peu sur le coup.. Qu'est ce que j'avais dit de drôle ? Rien pourtant.. j'en déduisais donc que ma tête et mon expression effarée devaient prêter à rire.

J'avais alors trouvé pour seule défense, l'excuse du dessin. Et là, la fillette éclata de nouveau de rire. Rire que cette fois-ci, je pouvais comprendre, vu la tête de mon piètre dessin.. Une léger sourire amusé vint s'encrer aux coins de mes lèvres lorsque je pencha mon regard une nouvelle fois au dessin. Et elle me demanda si j'en faisais d'autres.

« Non.. je sait pas vraiment dessiner, je fais ça plus par ennui. J'ai jamais essayé de m'y mettre vraiment. »

En même temps, vu l'état du dessin, c'était peut-être pas primordial, où même à envisager..
J'avais donc proposé un mouchoir à la jeune fille qui saignais. Elle disait que ce n'étais pas grand chose. Pour moi ça l'étais.. La simple vue du sang me rebutait. Parce que inconsciemment, ce devait me rappeler les fois où, étant petit, j'avais vu ma mère envoyer voler les meubles contre les murs, et ainsi finir les mains en sang, ce qui m'avais traumatisé étant petit. Pas que la blessure de la fillette m'inquiétais.. j'avais grandis, et les blessures n'étaient pas comparables, mais c'était une sorte de réflexe, chaque fois que quelqu'un se blessait, de vouloir lui apporter mon aide.

La fillette était éclatante de bonne humeur. Ce qui quelque part me faisait du bien. Ça faisait des lustres qu'on était pas venu m'adresser la parole pour autre que de m'insulter. Je lui rendais alors son sourire quand elle se présenta après m'avoir demandé mon prénom.

« Moi c'est Bryan. »

Mais les cris de tout à l'heure s'étaient apaisés. J'avais alors jeté un œil par dessus mon épaule, et finalement constaté que sa sœur, je suppose, n'était plus là. Je trouvais même étrange que Maelys ait laissé sa soeur pour venir converser avec quelqu'un d'aussi peu intéressant que moi.

« Ta sœur t'as abandonnée ou quoi ? »

Maelys se sentait bien, assise là, un peu comme si elle était chez elle. Elle ne discutait jamais avec des garçons plus vieux qu'elle, mais sa manie de fourrer toujours son nez partout l'amenait parfois dans des situations inhabituelles. Sa sœur, elle, étant plus réservée, ne la suivait pas toujours, mais s'amusait de la voir confrontée à des circonstances ridicules.

La fillette fut un peu déçue de savoir que l'adolescent ne dessinait pas beaucoup malgré le sourire qui était apparu sur son visage. Elle attendait à beaucoup de sa part. Elle attendait à beaucoup de tout le monde, en fait... Elle déclara, plus enthousiaste que jamais :

« Tu devrais t'entraîner ! Plus on s'entraîne, plus on y arrive ! Moi je te le dis : t'as un talent. Alors au moins essaie... »

Elle parlait comme les adultes auraient voulu qu'elle parle. Sauf que ça n'était jamais au bon moment. On se plaignait souvent de son immaturité, et elle parlait plus souvent de bonbons et de jeux que de choses sérieuses. Ça posait souvent des problèmes en classe, surtout qu'elle n'était pas concentrée.

Pleine d'entrain, elle se réjouit en entendant le nom du garçon. Bryan. C'était joli. Et rien que pour ça, il lui plaisait. Enfin, comme un ami. Elle ne pensait jamais à envisager plus de la part d'un garçon. Un garçon pour elle, ce n'était qu'un ami. Ça n'allait jamais au-delà. Et elle se disait qu'elle était trop jeune, de toute façon.

« Ma sœur ? » Elle l'avait complètement oubliée, celle-là. « Elle est partie bouder. Mais ce soir, ce sera tout oublié... »

Elle avait affirmé ça parce que c'était plus qu'une certitude et que ça se passait comme ça à chaque fois. Toujours, sans exception. C'était évidemment prévisible, mais Maelys ne s'en lassait pas ; elle aimait la monotonie, même si le changement ne la bousculait pas.

« En fait c'est plutôt moi qui l'ai abandonnée. » Elle eut un petit rire qu'elle ne put retenir. « Et toi, t'es souvent tout seul comme ça ? »

Elle ne voulait surtout pas aborder un sujet difficile, mais elle ne pouvait pas penser à autre chose ; elle détestait voir des gens seuls, surtout quand ils paraissaient malheureux. Ça la frustrait. C'était la preuve qu'on avait jamais ce qu'on voulait en ce bas monde.

Pour une fois, et ce depuis bien longtemps, je me sentais à l'aise à discuter avec quelqu'un. Peut-être que mon expression n'en donnait pas l'air, mais j'appréciais vraiment Maelys. C'était une fille pleine d'enthousiaste, et qui semblait un peu je m'en foutiste sur les bords. A prendre comme exemple sa main en sang. La plupart des filles se seraient mises à gémir et à se plaindre, mais Maelys était différente, et ça me rassurais quelque part. Même si j'étais sans doute l'un des moins bien placé pour penser ça.

Malgré le sourire de Maelys, j'avais perçu une once de déception sur son visage, elle semblait déçue de ne pas avoir affaire à un grand artiste. Dans la tournure que prenais sa phrase, Maelys semblait plus mature que son âge, même si j'ignorais l'âge exact qu'elle devait avoir, mais le ton qu'elle employa me fis esquisser un léger sourire. Selon elle, j'avais un potentiel talent dans le dessin, mais je devais m'entraîner. C'était peut-être probable, mais j'étais un éternel fainéant, ce qui malheureusement s'avérais peu compatible. J'haussais légèrement les épaules,

Suite à ma question concernant sa sœur, celle-ci disait qu'elle était partie bouder. Je me sentis tout à coup moins à mon aise. J'espère que ce n'était pas de ma faute. J'avais horreur d'être impliqué dans des disputes quel qu'elles soient. Et même si elle m'affirmais que ce soir même ce sera déjà oublié, moi, j'étais du genre à garder pour moi et à cogiter là dessus durant toute une nuit. Je me décidai quand même à mettre un terme à tout ça, en la questionnant, d'un air un peu hésitant.

« A cause de moi ?.. »

Mais elle m'affirmai que c'était plutôt elle qui l'avais volontairement abandonnée. Je n'étais donc peut-être pas la cause de la moue de sa soeur. Et j'en était sincèrement rassuré. Cependant un peu moins quand elle me demanda si j'étais souvent tout seul comme je l'étais quelques minutes plus tôt. Je baissais alors le regard à mes pieds, puis je relevais le regard, sans pour autant fixer la jeune fille.

« Souvent oui.. Quasiment tout le temps, enfait. J'ai toujours eu du mal à m'intégrer où que ce soit. »

C'est vrai que je devais certainement susciter la pitié des gens à toujours traîner seul. Mais cependant, je préférais être seul qu'avec d'autres personnes. Mais à vrai dire, je n'avais jamais vraiment tenté l'expérience de me glisser dans un groupe, et je n'avais aussi, jamais eu cette occasion. Et je tournais légèrement mon visage vers la fillette avant de décréter après un sourire.

« Par contre toi, t'as pas vraiment l'air d'avoir de soucis à ce niveau là.. »

Il fallait avouer qu'il était bien plus agréable de discuter avec quelqu'un qui savait dire autre chose que « Oui » ou « Non », et Maelys était tout à fait dépaysée. C'était ce qui arrivait quand on ne parlait que avec des gamins sachant à peine parler. Mais la fillette prenait un malin plaisir à les induire en erreur en leur expliquant la complexité de leur langue. C'était plutôt amusant de voir les petits s'embrouiller, et Mae ne culpabilisait jamais. Elle trouvait ça normal, et peut-être un peu trop justement. De toute manière, tant qu'ils ne se plaignaient pas, elle les supportait seulement parce qu'il lui apportaient une distraction. Maelys sourit à cette pensée. Il n'y avait bien qu'elle pour aimer torturer de pauvres gosses qui n'avaient rien fait...

Affichant toujours l'air rassurant et enjoué qui lui était propre, la fillette demeura immobile un moment. Bryan semblait plus inquiet, moins confiant, depuis qu'elle lui avait dit que sa sœur était partie bouder. Il n'avait pas à s'en vouloir, ça n'était aucunement de sa faute. Alice était juste trop possessive et ne supportait pas que sa jumelle puisse s'intéresser à quelqu'un d'autre qu'elle. Mae fronça les sourcils, puis déclara platement :

« Euh, non... Enfin, oui et non. Si j'étais partie m'amuser à son opposé, elle aurait boudé tout autant. Si j'étais restée avec elle, on n'en serait pas là. »

Ses explications n'étant pas très convaincantes, Maelys se fit un devoir de rassurer le jeune homme quant aux intention d'Alice – qu'elle ne lui en voulait pas etc – mais se ravisa. C'était absurde et inutile, Bryan la croirait ou non, un point c'est tout.

Elle regretta aussitôt la question qu'elle avait posé, plus par curiosité qu'autre chose, car le jeune homme semblait plutôt mal à l'aise et gardait les yeux baissés, avant de lever le regard. Or, la dernière chose que Maelys voulait, c'était le mettre dans l'embarras, alors elle voulut se rectifier mais Bryan lui répondit avant qu'elle n'ait eu le temps d'ouvrir la bouche. Elle eut un pâle sourire avant de dire après un court silence :

« Je voulais pas jeter un froid, je posais la question par simple curiosité. Je m'étonnais simplement que quelqu'un comme toi puisse rester seul alors que tu es... que tu es sympa. »

Ça sonnait plus comme une excuse qu'autre chose, mais Mae préférait dire ça que rien du tout. Elle se mordit la lèvre, et répliqua après la réponse du jeune homme :

« Oui, c'est vrai. Mais parfois, j'aimerais bien être seule... Ça doit être agréable, même si c'est pesant, à force. »

Dire ça lui avait retourné l'estomac. Elle comprenait maintenant les personnes qui restaient solitaires en toutes occasions, alors qu'à chaque fois, elle les pointait du doigt comme s'ils étaient des bêtes étranges. Mais si elle avait bien comprit une chose, c'était qu'il ne fallait pas se laisser influencer par les apparences, parce que quelqu'un pouvait très bien cacher une personnalité attachante.

Sujet: Re: Maelys&Bryan - Truth is harder than lie.

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