Ça fait quelques jours que j'observe cette fille de loin, et plus le temps passe, plus je le sens mal. J'ai peut être l'air possessive et jalouse, mais connaissant un peu mieux Jude, je sais qu'il faut toujours se méfier de son attitude. J'ai quand même le droit de le garder pour moi, et moi toute seule. Plusieurs personnes m'ont dit que la nouvelle et Jude se connaissaient autrefois, et qu'il était amoureux d'elle. Vu que c'est une chose plutot rare chez lui, j'aimerais aller m'informer sur cette fille, Ethel. À chaque fois que je viens vers elle, j'ai peur de paraître grossière et je fais demi-tour. Mais cette fois ci ça sera la bonne, je ne peux pas manquer ça. Je prends une grande inspiration tandis que nous ne sommes que quelques rubans verts dans le dortoir. C'est un temps libre et tout le monde préfère sortir dehors et s'amuser avec ses amis. Pourtant, Ethel est là, solitaire sur son lit. Je ne sais pas ce qu'elle fait mais elle connaîtra rapidement mes intentions et elle les miennes. Je me dirige d'un pas un peu trop hostile a mon goût vers elle, m'étonnant de la colère que je ressens, moi qui d'habitude aime et est gentille avec tout le monde. Je m'avance vers elle jusqu'a ce qu'elle me regarde. Sèchement, je lâche « Tu es Ethel, c'est ça ? Bienvenue à l'orphelinat. » Je compte attendre avant de lui déballer ce que j'ai a dire a propos de Jude, je ne veux pas paraître trop directe. Même si c'est sans doute ce qu'elle doit penser de moi a l'heure actuelle. Je m'en fous.

Le temps libre est enfin arrivé. Et ce n’etait pas trop tôt, je commençais à m’impatienter. J’attendis que la salle soit totalement vide et que le couloir commence à être désembouteillé pour sortir et partir en direction de mon dortoir. Lorsque j’arrive et que je me pose sur mon lit, ayant enlevé mes chaussures, mon dos appuyé contre le mur, il y a toujours plusieurs de mes camarades. Trois qui gloussent dans leurs coin m’insupportent. Mais je n’ai pas envie de sortir aujourd’hui. Je n’ai surtout pas envie de le croiser, lui. Pas pour l’instant en tout cas.

J’attrape mon carnet et mon crayon et repli mes genoux afin de m’en servir comme appuie pour mon support. Je me remémore le ciel vu de l’avion, les nuages blancs et le rose qui apparaît au loin. C’est ce que j’ai envie de dessiner, là, tout de suite, maintenant.
Une camarade se dresse devant moi, je lève la tête et la regarde, un peu intriguée. Je sais qu’elle est dans mon groupe et je l’ai déjà vu en cours. Elle reste aussi avec lui. Mais mes informations sur elle s’arrêtent là.
Froidement, elle m’adresse la parole. Elle, elle sait mon prénom et finit par me souhaiter la bienvenue. A mon avis, elle s’est un minimum informée sur moi. Je la fixe, décidée à ne pas rentrer dans son jeu pour le moment.

- Tout à fait et merci. Et toi, tu es ?