La peur me réveilla, encore, je ne pouvais pas calmer mes larmes, il était là, il revenait, il allait encore nous faire du mal. J’avais peur, je ne voulais pas que papa m’attrape.  Je gardais la couette sur moi, elle grattait cette couette, pire que celle de la maison, je n’aimais pas cet endroit, je ne l’aimais pas car il n’y avait pas maman, bon il n’y avait pas papa non plus mais moi je voulais maman. Je regardais encore la chambre, les autres qui dormait, il y avait trop de monde ici, je n’aimais pas ça non plus, ni le noir, nan en fait je n’aimais rien de tout ça, pas les dames qui s’occupait de nous, ni les grandes qui étaient méchantes, ni l’endroit en lui-même. Je me redressais dans mon lit, je ne voulais pas rester là. Je finis par me lever de ce lit, je regardais les barreaux, j’étais plus un bébé, pourquoi on m’avait mit dans un lit à barreaux ? Pourquoi on m’avait mit loin de Becca, moi je voulais Becca. Je pris ma peluche et me hissais hors du lit. Je me faufilais dans le couloir, je savais ou Becca dormais, je voulais dormir avec elle. Je rentrais dans sa chambre et sans hésiter allait dans son lit, je grimpais à ses côtés et la secouait tout doucement « Becca ! Becca ! Réveille-toi ! Me laisse pas seule ! » Je continue de la secouer, j’ai peur, j’ai besoin d’elle. Mes larmes se mettent à dévaler mes joues « Becca réveille toi ! » je la regarde, je veux qu’elle ouvre les yeux, pas comme maman quand je l’ai secoué quand elle était par terre. Je regarde son visage qui porte encore les traces de papa, comme le mien surement. Je continue de pleurer « Becca ! » Je continue de la fixer à travers mes larmes, j’ai peur, je veux qu’elle me rassure, je veux un câlin.

Ça fait des heures que Rebecca se tourne et se retourne dans son lit, cherchant le sommeil avec l'énergie du désespoir. Elle veut fermer les yeux et s'envoler au pays des rêves, pas rencontrer ses éternels cauchemars qui finissent dans les larmes et le sang... Elle veut pouvoir se lever un matin et être en forme, sans avoir d'énormes cernes sous les yeux, sans devoir expliquer ça aux surveillants. Mais ça n'arrivera jamais, elle en est consciente. Alors elle arrête de lutter pour essayer de s'endormir, ça ne sert plus à rien. Elle espère que les souvenirs finiront par passer avec le temps, qu'elle pourra retrouver une vie normale et sans histoire, même en grandissant dans un orphelinat. Et elle espère que sa petite sœur restera pour toujours avec elle. Becca a envie de la protéger, de faire figure de famille pour elle. Elle ne veut pas qu'on la frappe encore une fois, qu'on lui fasse du mal, qu'elle pleure toutes les larmes de son corps jusqu'à ne plus en avoir. C'est sans surprise que la petite voix fluette de Spencer la tire de sa somnolence habituelle, mais elle met quelques secondes avant de se décider à lever la tête vers elle, épuisée. Mais elle sourit. Elle sourit quand même, parce qu'elle sait que sa cadette en a besoin, de voir quelqu'un de plus fort, quelqu'un qu'elle aime, qui la protège. Becca laisse la petite grimper dans son lit, à deux elles sont serrées mais elles se tiennent plus chaud, dans un endroit pareil c'est préférable. L'aînée passe son bras par-dessus le corps de Pen, pour la tenir contre elle. Elle n'aime pas particulièrement les câlins mais c'est sa sœur, elle ne peut pas l'abandonner comme ça. Elle lui caresse doucement les cheveux pour la calmer. « Tout va bien, Pen. » Elle soupire tristement, résignée à l'idée qu'elle ne pourra pas dormir cette nuit. « J'arrive pas à dormir de toute façon. » Elle touche le visage de sa sœur avec douceur, sentant les marques de coups sous ses doigts. Elle aimerait que cela disparaisse un jour, elle ne veut pas que ça rende Spencer moche. Alors qu'elle-même, elle se fiche de devenir belle.

J'ai peur que Becca ne se réveille pas, qu'elle me laisse seule dans le froid de l'orphelinat, alors déjà les larmes arrivent. Je veut ma sœur moi, je veut qu'elle me raconte une histoire, je veut lui faire un câlin et je veut m'endormir contre elle. Alors je continue de la secouer, encore et encore. Puis elle ouvre les yeux alors je me sent soulagé, Rebecca est là, elle est réveillé, elle vas m'aider à chasser les vilains souvenirs. Elle me sourit et ce sourire là me fait du bien, car c'est de ça que j'ai besoin pour me sentir un peu moins mal, pas bien, juste un peu moins mal. Je sourit quand Becca me prend dans ses bras et quelques minutes je ferme les yeux, mais ils se rouvrent vite, je n'aime pas le noir, ça me fait trop peur. Je tremble et les larmes commencent à venir, je tremble et je regarde Becca de mes grands yeux humides, j'ai peur Becca, du noir, du froid et de papa aussi. Je frotte doucement mon bras, je regarde le bleu avant de murmurer « J'ai mal Becca. » Je me tourne vers elle, les larmes ont commencées à couler mais j'essaye de les retenir, je ne veut pas faire de bruit, si on me trouve ici je vais me faire gronder et je ne veut pas, je n'aime pas qu'on on me gronde, quand papa grondait j'avais toujours mal après. Mes lèvres se mettent à trembler quand Becca me dit qu'elle n'arriveras pas à dormir. Je sent ses caresses sur mon visage et j'essaye de sourire, maman disait que j'étais plus belle quand je souriais. Maman, elle me manque maman. Je regardais Becca avant de gémir « Maman me manque. » Je sanglote pour de bon. Je ne peut plus arrêter, tant pis si on vient me gronder. Je me sert un peu plus contre Becca, je ne veut pas qu'on m'arrache à elle aussi, je veut ma grande sœur pour toujours. Soudain j'entends du bruit dans le couloir, je tremble et essaye tant bien que mal de me cacher sous la petite couverture de Rebecca, c'est papa, il est revenu nous chercher, il vas de nouveau faire mal, il vas me taper parce que je pleur et que les grandes filles ne pleur pas, c'est ce que lui dit.