Invité Invité | Sujet: Papillon paumé recherche ses ailes [Johanna] Sam 30 Mai - 21:42 | |
| Estelle a souvent l'impression d'être seule, malgré Cléophée et Bellyne. Il y a quelque chose chez elle qui ne tourne pas rond, ça elle l'a remarqué, mais pas au point de ressentir cette solitude comme si on lui remuait les entrailles avec une petite cuillère. Elle a l'impression qu'il y a une bête en elle, qui renifle de partout en cherchant la sortie. Elle ne trouve plus les mots, ou tout simplement, ils n'arrivent jamais jusqu'à ses lèvres, préférant s'étrangler dans sa gorge. Elle n'y arrive pas. C'est peut-être Cléo qui lui fait cet effet, ou l'orphelinat. Elle ne veut pas savoir. Cette fois-ci elle ne sourit plus, parce qu'elle en a assez, de cet endroit, de ces gens qui l'ignorent alors qu'elle s'applique tellement à s'intégrer... Ces gens qui la regardent comme si elle était un monstre, une chose répugnante qu'il est interdit d'approcher, qu'on n'a pas le droit de nourrir. Et Estelle elle a espéré pendant de longues années qu'on viendrait à son secours, mais jamais elle n'a eu droit à l'amitié. Ce n'est que tout récemment que Bellyne s'est rapprochée d'elle, précédée de Cléophée. Estelle est heureuse de les avoir toutes les deux, mais ça ne lui suffit plus. Elle se sent proche de Cléo, très proche, mais pourtant c'est comme si un vide, un fossé se creusait entre elles deux. Elles s'éloignent à la vitesse de la lumière et aucune des deux ne l'a remarqué. C'est accablant. Alors Estelle a des phases, des phases où elle sourit avec tristesse et d'autres où elle pleure, longtemps, sans pouvoir s'arrêter. Elle se cache la tête dans les bras et personne n'est plus là pour la remarquer, car après tout, jamais personne n'est venu la consoler. Estelle se sent plus que seule, oui. Alors elle décide de sécher le cours d'histoire aujourd'hui. C'est la première fois qu'elle ose faire une chose pareille. D'ordinaire elle n'aurait jamais pensé à ça, mais la fin justifie les moyens. Elle traverse les couloirs, nerveuse. Si elle se fait prendre, elle est vraiment dans la merde. Elle passe par le hall d'entrée, et au moment où elle franchit le seuil, elle se cogne très fort dans une fille. D'abord étourdie, elle se frotte le front et cligne des yeux. Une douleur fulgurante s'abat sur son crâne et elle pousse un gémissement surpris. Puis, dans un deuxième temps, elle analyse. L'orpheline est blonde, sans doute un peu plus jeune qu'elle. « Désolée... Je ne faisais pas attention. » Estelle est sincère. Car après tout, c'est bel et bien de sa faute. |
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