Marlene regarde son fils, et elle sait, dès l'instant où il est tiré de son sommeil, combien elle l'aime, combien elle rêvait de ce moment. Tenir ce petit bout de chou dans ses bras à la naissance, ce fut tellement réconfortant. Spencer avait raison, il n'y avait plus que ça qui comptait : protéger Jules. En soupirant, Marly regarde les yeux du nourrisson s'ouvrir doucement. Elle lui sourit, il la reconnaît, et ça la rend heureuse. Elle cueille ces simples instants de bonheur quotidiens qu'elle espère garder pour toujours dans sa mémoire. Elle veut que Jules reste tout petit, qu'il ne change jamais. Mais un jour il grandira, il mûrira. Elle lui apprendra à parler, son papa à marcher. Bien avant, elle cessera de lui donner le sein et il passera aux petits pots de bébé. Et tout ça sans s'en rendre compte, sans qu'il n'en garde aucun souvenir plus tard. C'est triste, mais c'est la vie. Marlene attend que le petit soit bien réveillé avant de le prendre dans ses bras et de l'embrasser sur la tempe, tout doucement. Elle sent sa minuscule tête contre son épaule et elle ferme les yeux pour un petit câlin, avant de se rendre compte de l'odeur. Cette odeur qui gâche tout, qui brise le moment. Elle écarte un peu le bébé et sourit sans se démonter. Elle en a eu à changer, des couches, c'est pas la première fois. « Viens là mon cœur. » Elle le porte dans la pièce d'à côté et le dépose sur la table à langer, attrapant une couche neuve. Une fois qu'elle l'a changé et lui a nettoyé les fesses (oh dieu c'est trop mignon), elle le reprend dans ses bras et lui caresse les cheveux en souriant. Tout en sachant qu'il ne pourra jamais lui répondre, elle lance pour la forme : « Tu as faim ? » Si c'est le cas, il se mettra à gémir. Et il se met souvent, très souvent à gémir.