Les gouttes s'écrasaient sur la vieille vitre de la voiture, me laissant le loisir de les observer. Ces petites perles ressemblaient à des larmes, des larmes de sang. La bagnole était bancale et à chaque virage, ma tête cognait contre la vitre. Une odeur nauséabonde flottait dans l’habitacle, l'odeur de la cigarette et de la pourriture. Le voyage en bateau m'avait épuisé et ce trajet en voiture finissait de m'achever. Le ciel était sombre et menaçant, je l'entendais murmurer au fond de moi. Pars... Ne viens pas ici... Chassant ces paroles de ma tête, j'essayais d'établir un portrait de l'endroit. Une petite île perdue au milieu de la mer, des petites collines et au loin, un grand bâtiment... L'orphelinat. Je jetais un coup d'œil au conducteur. Un vieil homme au regard froid qui semblait avoir passé de longues années ici. Désespérant. Le bâtiment semblait plutôt grand, même si je ne voyais que la façade. On pouvait voir en contre-bas un petit village.

Je descendis de la voiture le cœur gros, le visage fatigué. Tirant ma valise, je m'approchais de l'entrée et poussais la grande porte.Le hall était beaucoup plus grand qu'il en avait l'air. Une forte odeur me donna une violente nausée, j'étais très sensible à ce genre de chose. Il n'y avait personne dans le grande pièce. Juste un large canapé pour patienter et une petite table en bois. Je m'asseyais, mal à l'aise. Putain. J'aurais aimé être à 10 000 kilomètres d'ici, voir plus. Ce n'était pas chez moi, ici. Ce n'était pas les montagnes couvertes de neige dans le paysage froid et hostile du Canada. J'ai toujours détesté le soleil. Cette boule lumineuse qui est censé réchauffer les cœurs et qui refroidit le mien. Un souvenir revint brusquement dans ma mémoire.

Une fille jouait dans son jardin. Une fille à la longue crinière blonde. Une femme la regardait, le visage souriant. Un homme sirotait tranquillement son cocktail, assis sur la table de la terrasse. On pouvait apercevoir derrière la grande baie vitré un landau ou dormait un petit nourrisson. Un chien courait derrière la petite blonde, aboyant joyeusement. Il y avait une autre petite fille, dans le jardin. Elle souriait, fixant la blondinette. Celle-ci appelait alors: -Viens Nell! Viens jouer avec moi! Angela et Atanaïs ne vont pas arriver tout de suite!
Puis, les petites se roulaient ensemble, criant et chahutant. Oui, c'était un souvenir paisible, heureux... Qui aurait pu penser que toute cette petite famille vivrait un véritable cauchemar?

Je rouvris les yeux, le visage en sueur. Ma respiration était rapide et j'avais sans doute poussé un cri. Qu'allais-je de tout ces souvenirs? Les effacer de ma mémoire, tout reprendre à zéro? Non. Je ne pouvais pas. Je les gardais précieusement, au fond de moi. Le visage de ma famille, de mes ami(e)s. De lui...
Mais ce n'était rien qu'un souvenir.

Tobias surveillait la cour, les jaunes et les rouges étaient tous là et quelques verts traînait aussi dans le fond, les autres étaient déjà en étude et il dût donc leur crier de se presser, il avait un peu de mal à gérer tout le monde tout seul mais il ignorait où ses trois collègues avaient disparue, il soupira et hurla de plus belle ou vert qui traînait de se dépêcher. Les rouges et les jaunes eux avait encore une petite pause, essentielle pour qu'il se défoule et ne rende pas les profs chèvres. Les blancs eus étaient déjà dans le gymnase, la réputation du nouveau prof de sport était qu'il ne supportais pas le retard et il avait le mérite de se faire respecter. Il croisa les bras et eut un sourire satisfait en voyant les derniers ruban verts se diriger vers la salle de permanence, gagné !

Il songea à la suite du programme, normalement Lula ou Rebecca allait arriver pour le remplacer et il allait avoir la joie de s'occuper d'un nouvel arrivant, enfin une si ses souvenirs étaient bon, souvent ils laissaient plus ou moins volontairement les nouveaux à l'abandon dans le hall, par manque de temps ou bien d'envie, et très souvent soit les nouveaux bougeait d'eux même, soit un pensionnaire le découvrait et l'aidait ou le baladait aussi, ça arrivait. Oui l'arrivée d'un nouveau était souvent une histoire de chance, ça avait toujours été ainsi, du plus loin que Tobias se souvienne, les surveillants s'occupaient rarement des nouveau et il se rappelait très bien avoir servis de guide à des nouveau un peu perdus seul ou en bande, il se souvient aussi en avoir baratiné certain et joué de mauvais tour à d'autre.

La pause allait prendre fin, il jetta un œil à sa montre, la nouvelle devait déjà attendre mais il ne pouvait pas quitter son poste, ni envoyé les orphelins en classe avant l'heure, il aurait le droit à une révolte et pas que de la part des élèves, des profs aussi, surtout que les jaunes allaient en math, avec Spencer et que cette dernière était sur les nerfs depuis quelque temps, depuis qu'elle était apparut avec un ventre de femme enceinte du jour au lendemain en réalité et Tobias avait bien compris qu'il ne fallait pas trop la chercher, surtout qu'il était l'un des seul à connaître le passé de la jeune femme. Il soupira, il ne voulait pas traîner, dans deux heures, il avait pause et Axelle avait une heure d'études, ils avaient prévus de se retrouver, si il ratait le rendez-vous, si elle lui en voulait, si elle était punie, il s'en voudrait et il en voudrait à sa collègue, il en avait marre. La cloche sonne enfin et les élèves rentrent.

Un bruit de pas fait tourner la tête à Tobias, Lula arrive, sourire aux lèvre, il lu lance un regard noir et lui donne les clés de la vie scolaire avant de se diriger vers le hall, il n'a pas envie de jouer les guides, pas aujourd'hui en tout cas, ce qu'il veut c'est retrouver Axelle et passer du temps avec elle, c'est tellement compliqué et douloureux d'avoir une relation avec une pensionnaire, de devoir se cacher et de faire comme si de rien n'était en public, réprimer cette lueur dans ses yeux quand il la voit, cette envie de la prendre dans se bras et de lui murmurer qu'il l'aime. Il soupire avant de jeter un œil sur sa montre, tant pis il vas speeder et bâcler la visite, la gamine pourras bien se faire aider par les autres.

Il pousse la porte du hall, plutôt violemment, elle vas claquer et provoque un bruit énorme qui résonne dans la grande pièce vide. Il se dirige vers le le coin où se trouve des sièges, là une jeune fille est assise, elle pousse brusquement un cris, il frissonne, décidément les gosse ne sont pas net, il se demande s il était pareil à son arrivé, sûrement, ça le désespère. Il se rapproche encore et regarde la jeune fille, elle semble peu ravie d'être ici, en même temps si une personne arrivait sourire aux lèvres, là il se poserait des questions. Il soupire avant de dire d'une voix plutôt calme et posé :
- « Tolka ? C'est bien ça ? Je suis surveillant, je vais te montrer ton dortoir, te faire visiter et puis tu iras voir la directrice ! Allez lève toi ! »
Il montrait clairement son envie d'en finir rapidement, il soupira avant de lui demander :
- « Besoin d'aide pour tes bagages ? »

Quelqu'un claqua brusquement la porte juste avant que je reprenne mes esprits. Je me concentrais sur le nouvel arrivant. Un homme. Ou plutôt un jeune homme, assez grand et plutôt jeune. Un surveillant, sans doute.
- « Tolka ? C'est bien ça ? Je suis surveillant, je vais te montrer ton dortoir, te faire visiter et puis tu iras voir la directrice ! Allez lève toi ! »
Je jetais un regard noir au garçon. Je détestais qu'on me presse et ce n'était pas ce genre de gars qui allait me dire quoi faire. Prenant tout mon temps, je me levais sans un regard pour le garçon. Il me dégoutait déjà, même sans le connaître. Des hommes... Ces créatures insupportables et sinistres... J'aurais aimé être accueillie par une femme. Je répondais d'un ton tout à fait neutre:
-Tu es pressé?
Un sourire cynique décora une fraction de seconde mes lèvres. Mes sourires étaient rares et pas vraiment sincère. Le surveillant soupira un instant, ce qui m'énerva. C'était son boulot non, de faire la visite aux nouveaux? Lui lançant un regard plutôt mauvais, je lui demandais:
-Ça te fait chier de faire la visite aux nouveaux? Je comprends, on n'est pas très agréables, hein? En même temps, c'est ton boulot.

Il fallait toujours que je rabaisses les gens, que je répondes à tout et que je me mettes dans des situations difficiles. Je donnais une mauvaise image de moi-même à ce gars, mais la sienne n'était pas non plus flatteuse.
- « Besoin d'aide pour tes bagages ? »
Il s'imaginait quoi? Que je n'avais pas de force parce-que j'étais une femme? Bien sur que non, je m'inventais encore un tas d'histoires. Il fallait toujours que je dramatise, il voulait simplement m'aider.
Je répondis d'un ton sec:
-Non.
Si cela avait été une femme, j'aurais peut être rajouté un simple mot de politesse, un merci par exemple. Mais remercier un homme? Jamais, plutôt crever. J'allais le suivre quand un nouveau vertige me prit. Et puis encore un souvenir.
Le visage de Nell, souriant. Sur le mien, des larmes. Il faisait frais, c'était l'automne. Elle portait une petite robe rouge mais elle n'avait pas l'air d'avoir froid. J'étais à genoux par terre, dans le sable. J'avais perdu mes parents, on était sortis faire une balade et je m'étais arrêté un instant regarder la mer. On venait d’emménager, tout était beau et nouveau pour moi, ici. Mais je n'avais pas encore d'ami(e)s. Nell m'avait tendu sa main et m'avait dit: -Tu es perdue? Tu es nouvelle ici, non? Je t'ai vu à l'école, c'est ça, hein Tolka? Allez viens, on va retrouver tes parents.
Elle connaissait l'endroit par coeur. On avait vite retrouvé mes parents. Nell, putain... Pourquoi es-tu partis? Nell...
Dans un sursaut, je reprenais mes éprits. Il fallait que je calme, le surveillant allait avoir peur de moi si ça continuait...

Tobias poussa un long soupir, synonyme de ce sentiments qui l'envahissait, il n'en pouvait plus de ce job, ça le bouffait en réalité, chopper les gosses, les livrer à Moor, entendre leur supplication souvent et puis fermer les yeux et se remémorer son passé, lui dans les mêmes situations, tiré par le bras par un surveillant qui se moquait totalement de ces excuses, qui le livrait sans pitié aux coups de Moor. Il chasse ses pensées et regarde la gamine elle semblait décidé à lui taper sur le système, elle prenait tout son temps. Tobias croisa les bras, il s'en moquait, il lui restait une heure quarante trois avant sa pause, si il ne s'était pas débarrassée d'elle, il la larguerait où il en était, elle ne serait plus son affaire

Elle lui demanda subitement si il était pressé, il sentit encore un peu plus que ça allait mal se passer entre eux. Il la regarde, rageur, oui il a autre chose a faire que jouer les guides, il a une personne au combien plus intéressante à voir. Elle lui lance un regard bien noir avant de lui demander si ça le faisait chier de s'occuper d'elle, lui rappelant ensuite que c'était son travail. Tobias soupira de plus belle avant de lui jeter un regard glacial, qui lui avait dit qu'il aimait son travail, qu'il avait choisit ? Il aurait largement preferé continuer à vivre sans devoir travailler dans cet endroit affreux.

Elle rejette violemment sa proposition de l'aider, elle semble le haïr, il s'en moque, pas la première encore moins la dernière, il survivras. Il la regarde pendant qu'elle rassemble ses affaires, elle semble brusquement plongé dans ses pensées, elle sursaute et elle semble reprendre ses esprits, le regard de Tobias à changé, malgré tout ce qu'on peut bien raconter sur lui il sait voir quand ça ne vas pas, elle semble bien perturbé, il finit par demander dans un murmure :
- « Hey ça vas ? »
il n'ose cependant pas se rapprocher, il sait comme les jeunes peuvent avoir horreur de la proximité des adultes, il était un peu comme ça, plus encore avec Moor.

Il la regarde, elle fait mauvaise impression du premier coup d’œil mais ce n'est peut être que ça, une impression, pourquoi s’arrêter au physique alors il la regarde et cherche à savoir ce qui ce passe, il se demande si elle est malade ou nan. Il finit par se rapprocher un peu tout de même, lui laissant de l'espace mais assez prêt si elle chute, il a donné pour le pertes de connaissances ces temps si alors il sait quoi faire mais il aimerait éviter. Il finit par essayer de détendre l'atmosphère en lui répondant :
- « En fait c'est peut être mon taf, pas pour autant que j'aime ce que je fait, et oui faire la visite aux nouveaux c'est chiant, c'est toujours la même chose, même toi ça vas te soûler, alors autant en finir au plus vite ! »