Lisbeth "Lizzy" Lord
ou parfois Li, mais ça, c'est rare   

Description physique :

« Alors, Danny-ni-ni-ni-nabot ? »

Cette voix. Elle avait quelque chose de riche, de complexe, d'entier ; comme une mélodie grave, ou une mélancolie aux nuances sombres et piquantes, ou... peut être une langueur infinie, atténuée par ce timbre rauque si particulier ? À travers la fumée suffocante, il entrevit son visage en cœur, des fragments de peau laiteuse, et ses lèvres charnues, teintes d'un rouge sang, desquelles dépassaient une cigarette incandescente. Sa chevelure d'une noirceur profonde se découpait sur le ciel étoilé. Elle quitta son abris de ténèbres, avança dans la lueur du clair de lune. Sa pommette droite portait les stigmates d'une plaie passée. Sa mâchoire fine était soulignée avec délicatesse, ses clavicules étaient dessinées subtilement. Un jouet inanimé... Les seuls fragments de vie résidaient dans ses yeux, d'étranges yeux mauves en amande, où vacillaient les flammes d'une intelligence rare et d'une fougue remarquable.
Son pull ample ciselait à peine sa taille fine, offrait à son regard une épaule étroite et basse. Quant à son short brun, il dévoilait de longues jambes fuselées, et une longue cicatrice encore boursouflée à la droite. C'était son style vestimentaire favori. Un bon gros chandail, épais et coloré, un bas court, sobre sombre, et de bonnes baskets. Elle n'avait pas froid aux jambes, et encore moins aux yeux. Elle glissa une mèche sombre derrière une de ses oreilles, un peu trop grandes et légèrement décollées. Dans son enfance, on l'avait appelée l'Éléphante, la Souris – non pas à cause de ses dents, mais simplement par son aspect malingre et ces fichues oreilles... Mais elle s'est embellie. La roue tourne.
Danny eut la stupidité de la fixer trop longtemps.

« Pauvre type, lança-t-elle en jetant son mégot près de lui. »

Caractère et capacités :

Car, sous ce masque de fragilité constante, il réside une âme implacable et impulsive. Lizzy ne mâche pas ses mots, elle est même incapable de mentir. Quand elle aime, elle est passionnée. Quand elle n'aime pas, elle hait du plus profond de son être. Seul son instinct lui dicte ce qu'elle doit faire, et on la qualifie souvent de chieuse tout feu tout flamme. Bien souvent, par son aspect cynique, ses sarcasmes acerbes et son mutisme, elle semble lointaine et impossible à approcher, mais sa fidélité, sa loyauté et son amour sont sans limites pour ceux qu'elle garde dans son estime... Du moins, si elle a jamais gardé quelqu'un dans son estime.

Éternelle solitaire au cœur dur et inflexible, elle ne cède ni aux chantages, ni aux menaces. On pourrait dire qu'elle est amère, s'il ne lui restait pas une lueur d'espoir.

Histoire :

C'est par une trahison que débute l'histoire de Lizzy.
Chaque conte commence par « Il était une fois », alors...
Il était une fois, dans le royaume de Corée du Sud, une jeune femme joyeuse mais seule. Terriblement seule. Elle avait fini ses études, et si toutes ses amies avaient trouvé l'amour, elle papillonnait toujours de cœur en cœur dans l'espoir vain de découvrir celui qui la comblerait. Jusqu'au jour où, dans son impeccable smoking blanc, un chevalier de Suède termine son périple en Asie ; il avait terrassé le Dragon, sauvé sa province et par le plus grand des hasards, rencontra la jeune femme dans une taverne branchée.
Sans attendre, il épousa la gueuse et l'emmena dans une belle tour d'ivoire. Une belle cage dorée. Belles robes, beaux bijoux, finit de convaincre l'épousée de l'amour du chevalier. Mais une princesse, plus jolie encore, vint lui prendre sa place.
Ainsi trahie, ainsi chassée, elle quitta sa belle tour, erra quelques mois près du château, tenta de reconquérir son mari, tenta de lui montrer son ventre qui s'était arrondi. Et encore quelques mois plus tard, elle donnait naissance à une fille Lord, qui ne fut reconnue qu'avec la mort en couches de sa mère.
Le Destin nous l'apprend : toute trahison se paie, et encore plus quand un spectre rôde.
Pendant que Lizzy s'endormait dans le plus cher des berceaux, son père et sa marâtre écrasaient leur voiture, dans une pluie de sang et de verre brisé.

Son arrivée à l'Orphelinat Moor, comment pourrait-elle s'en souvenir ? Elle se rappelle juste, à l'aube de ses cinq ans, les réactions du personnel face à ses iris. Stupeur ! Ils ne sont pas bruns, mais d'un violet très sombre. Et alors ? a-t-elle envie de rétorquer, maintenant.
Quant aux sobriquets ridicules qu'on lui donnait à cause de ses oreilles, elle les écrasait sans l'ombre d'un mécontentement. L'ire légendaire de Lizzy n'était venue qu'à la fin de son adolescence difficile, ballottée d'interrogations en interrogations, de constatations en constatations.

« Au diable les autres, marmonne-t-elle souvent. Qui se soucie de moi ? »

Si seulement, elle savait.