Les branches craquent sous les pieds d'Estelle. Elle sourit, encore une fois, l'air heureuse. Sa vie se résume au mot sourire. Elle ne fait que ça, elle n'arrête plus. Et elle aime bien sentir les muscles de ses joues s'étirer ainsi. Mais aujourd'hui elle a décidé de changer d'air. Elle étouffe à l'orphelinat. Elle aimerait retrouver les bras parfumés de sa mère, les joues barbues de son père. Elle aimerait revoir la maison où elle a passé son enfance, le toit fragile qui s'était écroulé maintes fois. Toutes ces choses innocentes et futiles dont, pourtant, elle a attaché plus d'importance que sur n'importe qui ces dernières années. Sauf peut-être Cléophée. Cléo c'est comme la sœur qu'elle n'a jamais eu, mais... parfois elle se sent bizarre en sa présence. Elle a envie d'ouvrir les fenêtres, de lui sourire, et de se rapprocher doucement d'elle, comme un lion tapi derrière les bosquets et qui guette sa proie. Mais elle ne peut pas, tout simplement pas parce que ce qui lui arrive n'est pas raisonnable, ni logique. Estelle doit faire confiance à sa raison réprimer ces envies idiotes qui la prennent souvent maintenant. Un craquement de branches la fait sursauter et elle se retourne, à cran. Qui est derrière elle ? Elle commence à paniquer, et si c'était un criminel ?