Je n’ai pas pour habitude de faire ça, même si je suis une tchoul dans l’âme, comme on dit. Seulement aujourd’hui, mais journée à été vraiment mauvaise. J’ai eu un 3/20 en maths, et un 2/10 en SVT. Et pour couronner le tout, une petite fille s’est faite tabasser sous mes yeux, ce matin, et je ne pouvais rien faire ! J’étais tétanisée, je ne pouvais pas lui venir en aide. J’étais impuissante face à cette scène d’horreur.

Je sais que ce n’est pas un remède. Je sais que ce n’est pas une solution. Je sais que ce n’est pas bien de faire ça, mais j’en ai besoin. Depuis quelques temps j’en ai souvent besoin. Trop souvent. Je sors une feuille de ma poche, y place un peu de tabac, et laisse tomber mes grains de weed. Je roule mon joint, colle ma feuille, et sors mon feu de ma poche.

Je glisse le roulé entre mes lèvres, et l’allume avant de tirer une taff. Je me sens déjà mieux. Je marche jusqu’à côté de l’hôtel, tout en continuant de fumer mon joint. Arrivée là, je ne suis plus vraiment en état de quoi que ce soit. Ma vision se floutte quelque peu. Je ne marche plus droit. Chaque chose ou personne que je vois me fait éclater de rire.
Je ne sais pas ce qui m'y a conduit, mais je rentre dans l'hôtel. Je m'approche de l'accueil :

-Bonjour mademoiselle, que puis-je pour vous ?

J'éclate de rire. En temps normal j'aurais eu de la peine pour ce pauvre monsieur, mais l'état dans lequel je suis me force à rire. Son visage est défiguré. De nombreuses balafres lui recouvrent les jours, ainsi qu'un œil de verre remplace son organe sans doute perdu au combat. Il semble être un vétéran de la seconde guerre mondiale. Bien entendu, ça n'a absolument rien de drôle, c'est même plutôt un honneur que de croiser une personne qui s'est battue pour son pays. Or, l'effet produit par cette plante sur mon cerveau me fait perdre toute raison, ainsi je ris aux éclats en voyant le visage de ce pauvre homme.

-Mademoiselle ? Vous allez bien ?

Il semble être un honnête homme, malheureusement mon état ne me permet pas d'être tout aussi honnête avec lui.

Soudain un second homme nous rejoins. Il s'approche de moi. Que me veut-il ? Pourquoi vient-il me voir ? Veut-il lui aussi me proposer son aide ?

Mon rire s'arrête une seconde, avant de reprendre de plus belle. Je ne me contrôle plus. Vous vous demandez sûrement pourquoi je fais ça. Pour oublier. Cette « merde », comme certains disent, ramollis mes neurones, ce qui me fait oublier (du moins pour quelques heures) toutes les choses qui m'entourent. Je ne voit plus que le bon côté des choses. Je rigole sans raison, je souris, je me sens bien. Si la vie pouvait être aussi belle tous les jours, je la vivrais plutôt deux fois qu'une.